J'étais sur les routes, parti à l'aventure au côté de mon jumeau. Nous avons su ce qui se tramait à travers les villages et villes dans lesquels nous nous arrêtions mais notre curiosité était ailleurs. Après tout, les nains et les hobbits étaient seuls responsables de leur malheur. En revanche ce qui nous intéressait, c'était ces rumeurs sur le Mordor où, disait-on, Orodruin se réveillait. Elladan et moi sommes donc partis là-bas en quête de réponse mais mis à part une impression étrange et un mauvais pressentiment, tout était aussi calme que la mort. Enfin, presque. De temps à autre le volcan grondait comme s'il nous menaçait pour être venu ici. Quoi qu'il en soit, nous ne nous sommes pas éternisés plus que nécessaire et avons rejoint Minas Tirith. Peu après nous apprenions que Smaug avait été terrassé.

L'un comme l'autre ont déjà goûté à l'impact mortel de mes flèches. Mais des deux, ce sont surtout les orcs qui ont me connaissent le plus, et pour cause, je les traque. Depuis ce qui s'est passé avec ma mère, mon désir de vengeance est devenu intarissable et mon seul but est d'exterminer cette vermine jusqu'à la dernière. Alors oui, j'ai fais les frais de ces êtres maudits mais c'est maintenant eux qui les font et ils vont amèrement regretter de s'en être pris à ma famille.

J'en sais ce que disent les livres et ce que mon père a bien voulu nous révéler, à moi et à Elladan. J'ai même réussi à interroger Gandalf sur ce point il y très longtemps. Et puis j'ai vu de mes propres yeux le Mordor commencer à reprendre vie. Le nécromancien est une menace sérieuse, même bien plus que celle de Smaug. Car si les intentions des dragons sont claires, celle de cet être machiavélique l'est bien moins. Le pouvoir ? Oui mais pas seulement. Je sais que mon père craint ce qui pourrait ressortir de ce retour et à raison, il était sensé être déjà mort. Peut-on détruire à nouveau ce qui n'est pas sensé exister ? Ça doit sûrement avoir quelque chose à voir avec cette anneau mais personne ne veut en parler.

Il y a 2800 ans, le seigneur de Fondcombe, Elrond, et sa femme, Celebrian, eurent le privilège d’accueillir dans leur famille deux joyaux. Le premier fut nommé Elladan et le second Elrohir. Rapidement, la complicité et l’amitié entre les deux frères furent manifestes pour tous et si l’un apparaissait, l’autre n’était jamais bien loin. Ils s’entendaient pour tout en toute chose, surtout pour faire tourner en bourrique leur entourage, n’hésitant pas à jouer sur leur ressemblance pour éviter les punitions, ce qui n’était pas très utile avec leur père qui ne se laissait pas si facilement manipuler. C’est dans cette ambiance chaleureuse et aimante que les deux frères grandirent, apprenant tout ce qu’un elfe de noble naissance devait acquérir : art, traditions et escrime.

Ainsi, tandis qu’Elladan apprenait le maniement d’épées légères, Elrohir préféra l’entrainement à l’arc. Il avait beaucoup hésité avec les épées mais finalement, ce fut une phrase que lui dit le maître d’arme qui le décida. « L’arc est l’arme du sage car il permet de combattre ses ennemis sans ouvrir les portes de la ville. » Lui qui voulait se montrer intelligent dans tous ses choix n’avaient dès lors plus hésité un instant. Et il ne le regretta jamais. L’arc lui permettait d’atteindre ses adversaires sur de longues distances et aussi de rester en retrait pour protéger ceux qui étaient en première ligne. Il pouvait ainsi avoir une grande manœuvre de combat. En plus de son arc, Elrohir apprit aussi le maniement de la dague pour faire face plus facilement à ses ennemis s’il venait à se retrouver en combat rapproché. Par contre, une fois l’entrainement terminé, les deux frères se retrouvaient pour aller gambader dans les bois, affûtant ainsi leur dextérité, travaillant leur finesse mais aussi leur faisant connaître la nature qui les entourait. Ils prenaient aussi grand plaisir à se perdre dans les livres de l’immense bibliothèque et Elrohir se surprit à aimer la poésie au point d’en écrire, ce qui reste secret aux yeux de tous, sauf de son frère. Ils n’avaient donc guère le temps de se chercher des épouses. De toute façon ils n’y pensaient même pas, la présence de leur jumeau suffisant amplement à leur bonheur. Seule Attilë réussit à attirer l’attention d’Elrohir mais rien n’a jamais été plus loin que quelques sourires. De toute façon, Elladan veille au grain pour que rien n’arrive.

Fils du seigneur de Faudcombe et ayant de ce fait du sang humain dans les veines - ce qui ne plait pas vraiment à Elrohir – les jumeaux s’invitaient souvent aux réunions entre les elfes et les autres races, écoutant distraitement ce qui se passait et s’intéressant surtout à ce qu’ils y voyaient. Car bien que qu’affichant un certain mépris envers les hommes, Elrohir ne pouvait s’empêcher d’être curieux vis-à-vis de cet héritage sanguin. Raison qui le poussa à écouter attentivement les histoires que son père racontait à leur sujet, bien que feignant l’indifférence. Ainsi, malgré le fossé entre races, les deux frères étaient très bien renseigner sur les autres peuples, ce qui leur fut bien utile dans le futur, lorsqu’ils se mirent à parcourir le monde pour traquer les orcs et autres créatures du mal. Bref, Elladan et Elrohir connurent des centenaires joyeux et pacifiques.

Malheureusement, rien ne dure jamais et un drame survint. Alors que leur mère, si chère à leur cœur, était sur le chemin pour se rendre à Lorien, elle fut attaquée et emmenée captive par un groupe d’orcs. Dès qu’ils surent la nouvelle, Elladan et Elrohir attrapèrent leurs armes et se traquèrent ces monstres pour libérer leur mère. Dans leur rage aveugle, ils firent un véritable massacre, à tel point que le sang coulait tel un ruisseau à leurs pieds. Récupérant leur mère qui avait souffert de la torture, ils la ramenèrent chez eux mais hélas, un an plus tard, traumatisée par ce qu’elle avait vécu, elle choisit de les quitter pour partir rejoindre les Havres Gris. Se sentant impuissants face aux meurtrissures de leur mère aimée, les  jumeaux s’embarquèrent dans une vengeance intarissable. Depuis, ils parcourent régulièrement le monde de tous côtés, pourchassant orcs, gobelins et tous autres vils créatures. C’est ainsi qu’ils participèrent à bons nombres de batailles, n’hésitant pas à s’allier à des humains et à des rôdeurs pour enrayer le mal. Mais malgré tout, depuis cet épisode, les jumeaux sont profondément changés à jamais. Elladan est devenu instable, passant de terribles angoisses à la colère, tandis qu’Elrohir a senti son cœur s’assombrir, comme si son âme cherchait constamment plus de sang à verser. Il veille donc encore bien plus sur son jumeau et se montre d’autant plus protecteur avec lui ainsi qu’avec Arwen. En revanche, sa relation avec Elrond s’est détériorée car il ne comprend pas pourquoi il n’a pas réagi à l’enlèvement de sa femme. Sauront-ils un jour retrouver leur entente passée ? Ça reste à voir car le semi-elfe est du genre rancunier. Néanmoins, il n’est pas déraisonnable et sait mettre sa colère de côté pour le bien commun et surtout, il retourne régulièrement à Fondcombe, son foyer, où il y croire son seigneur et père.