Je cherchais un moyen de profiter de l'absence possiblement momentanée de Smaug pour me faufiler dans Erebor et choper le trésor.
Okay, reprenons depuis le début. La rumeur s'était répandue que le dragon était peut-être mort, parti, disparu ou on ne savait trop quoi . L'autre côté de la rumeur concernait l'extraordinaire fortune des nains qu'ils avaient amassés là pour l'abandonner aux pattes du saurien. Ce monstrueux tas d'or et de gemmes hantait mes rêves les plus fous depuis des années, mais … dragon oblige, j'ai gardé mes pattes loin de la montagne. Vous vous rappelez la réaction de Bilbo à la description du dragon ? C'est pas mon genre de m'évanouir, mais c'est une perspective qui me faisait m'éventer.
Mais si le dragon est mort, les voleurs dansent : je m'étais donc dirigée vers Erebor pour planifier un cambriolage dans les règles – Gandalf s'était planté de porte à Hobbiton quand il a réquisitionné Bilbo – . Je suis arrivé en même temps qu'une compagnie de nains, à qui semblait-il, la Montagne ( et son trésor ) appartenait. Insérez ici un juron coloré. Je suis donc restée en taverne, alors que la compagnie allait à la recherche d'une porte secrète. S'il y avait un dragon, bah ils étaient cuits et auraient servi d'éclaireurs, s'il y avait pas de dragon, le chef avait promis une part du trésor:  ça m'arrangeait comme plan.
La sortie en fanfare de Smaug changea mes plans : dragon vivant, mais dragon parti. Tout brûlait à Esgaroth quand je quittai les lieux en direction de la montagne, prêt à une Manque de pot, j'avais trop d'alcool dans le sang – je n'avais prévu qu'il faudrait faire diette parce que les nains chassaient un putain de dragon hors de leur Montagne au Trésor. Si vous cherchez l'hobbite bourrée qui a dégringolé la falaise, s'est cassé le bras, tordu la cheville, et qui a toujours un bleu au coccyx six ans après, c'est moi.

Les araignées ? Oui, elles ont une tendance à se foutre dans mes cheveux pendant que je dors ce qui m'agace au plus haut point. Ou alors c'est juste parce que ça me rappelle ma mère et ses cris dès qu'elle en découvrait dans son joli trou bien propet, bien ordonné.
Les orcs, aussi. Qu'est-ce qui pue plus qu'un pillier de comptoir ? Un orc. Un couteau planté entre les deux yeux ou dans un oeil et c'est réglé la plupart du temps. Le petit détail c'est juste de s'arranger qu'ils vous tombent pas dessus en mourant parce qu'ils ont tendance à relâcher les sphincters et que je suis plus petite qu'eux.

Je fais les types, les nanas, les nains, les elfes, les hobbits, les humains, mais j'ai des limites. Les gobelins sont une bonne limite, tant qu'on parle de ça d'ailleurs, même bourrée jusqu'au coude, j'approcherais pas mes miches de ces bêtes là. Pas avant le coma éthylique, et c'est un point où c'est un bon compliqué, vous voyez. Je disais ? Ah oui, ma limite, c'est les nécrophiles, je sais pas de quoi vous parlez je veux pas le savoir, merci bien.

L'histoire d'Elorin commence à Bree. Non, je ne vais pas vous parler de cette connerie d'accouchement, personne veut savoir comment cela s'est passé; parlons plutôt de la conception. Même si, dans le cas d'Elorin, c'est à peine plus glamour. Le Poney Fringuant, Bree, une hobbite, un Homme, vous ne voulez pas de dessin.
Qu'est-ce qui les avait attiré l'un vers l'autre ? La curiosité, l'alcool, l'envie d'exotisme, l'envie de faire le contraire de ce qu'on leur dit de faire, un coup de coude dans les côtes de la hobbite de la part de ses camarades et un défi lancé entre les Hommes. Typiquement les raisons pour toutes les mauvaises décisions que Elorin prendra plus tard dans sa vie.

convenable normalité d'une jeune hobbit. Elle et ses camarades gloussèrent encore quelques temps sur l'évènement, mais ils reprirent vite fait leur napperons et leurs carottes. Manque de pot, Elorin a comme spécificité de foutre la merde partout où elle passe et il est difficile de reprendre sa vie comme si de rien n'était avec un polichinelle métis dans le tiroir alors que votre prétendant jure ne pas vous avoir touché.
Dans un autre univers, cela se transformerait peut-être en religion, mais les hobbits ne sont pas très versés sur ses choses là et ce fut plutôt des regards en coin que des couronnes de fleur.

Mais comme l'enfant avait de grands pieds poilus, de jolies oreilles légèrement pointues et des yeux bleus pétillants, tout le monde la trouva adorable et on supposa que tout ça n'était qu'une histoire de hobbite renversée dans le foin après une fête trop arrosée, ce ne serait pas la première fois. Enfin. C'était l'opinion du monde extérieur et il ne dura que quelques années.

Sa mère, elle, passait son temps à la houspiller pour qu'elle range et nettoie sa chambre – qui devient rapidement une antre remplie de trésors récupérés ça et là et qui ressemblait plus à un terrier qu'à un trou de hobbit bien comme il faut – et à se battre avec les cheveux d'Elorin: ceux-ci étaient sources de fréquentes disputes, la semi-hobbite étant peu patiente et trouvant que sa mère lui tirait les cheveux quand celle-ci multipliait les subterfuge pour faire boucler ses cheveux et les coiffer à la manière hobbite alors qu'elle avait de son père une longue chevelure lisse.

Rapidement, Elorin fut renommée pour être une mauvaise graine – ou quelqu'un d'éminemment drôle avec qui traîner, tout dépend vos exigences.
Dans la Comté, Elorin était connue comme la feignante qui passait ses journées à fumer la pipe, allongée sur un banc devant chez elle, une jambe relevée et la cheville de l'autre posée sur son genoux, relevant les jupes de sa tenue hobbite. L'hobbite dont la croissance ne semblait pas vouloir s'arrêter.
Comme la personne qu'il fallait accuser si quoique ce soit n'allait pas comme l'ordre hobbit – 80 % des bêtises faites par Pippin et Merry sont liées à Elorin, soit qu'elle les avait avant, soit qu'elle leur a soufflé, soit qu'elle était avec eux à ce moment là. Enfin, rendons à Merry et Pippin ce qui leur appartient : Elorin est partie de la Comté  il y a plusieurs années et ils ont bien assez foutu le chaos tout seuls.

Elorin avait appris par sa mère que son père était un homme de Bree et qu'elle avait été
dès ses 25 ans, elle se faufila avec des hobbits plus âgés jusqu'à Bree dans la taverne qui avait vu l'union de ses parents. Cette soirée là, elle appris que la bière était délicieuse, qu'on pouvait perdre beaucoup d'argent en jouant face à des Hommes et que Méawyn était une jolie jeune femme avec qui on pouvait s'entendre. Les mois suivants lui apprirent que la liqueur était meilleure,, que Méawyn pouvait devenir une amie précieuse, et qu'on pouvait gagner beaucoup d'argent contre les humains en trichant.

Le lendemain de cette première escapade, Elorin se réveilla avec une gueule de bois terrible, une tignasse emmêlée et des dettes grosses comme la moitié de la Comté. Elle avait parié tout ce qu'elle avait et plus encore, et si les hobbits l'accompagnaient n'avaient pas proposé de lui prêter ce qu'ils avaient, elle aurait certainement vendu sa vertu (oh douce époque) pour jouer encore.

Or, sa mère et elle ne vivaient pas vraiment à Bag-End. A la limite, elle aurait pu s'arranger avec les hobbits, mais les humains ne l'accepterait plus à Bree si elle ne payait pas...et elle comptait bien y repasser régulièrement. Méawyn était l'illustration évidente de ce que la pauvreté pouvait faire à quelqu'un et Elorin partagea rapidement ses grincements de dents. Elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas ne pas pouvoir boire tout son saoul, de voir l'une de ses rares amies souffrir de cette situation, de manquer d'or quand elle voulait jouer et de se voir fermer des portes au nez en raison de sa situation financière. La prostitution fut envisagée – et commise dans le futur – mais quant on mesure un mètre trente, les clients ne font pas la queue.

La solution la plus évidente fut donc le vol. D'abord dans les économies de sa mère, puis chez ses voisins plus riches. Puis à Bree. Elorin découvrit rapidement qu'elle était douée, très douée pour ça. Si ses premiers vols furent un peu maladroits, les hobbits ne s'en aperçurent pourtant pas, car ils n'étaient pas habitués à se méfier de leur prochain. Et elle compensa rapidement ces débuts malheureux en devenant la voleuse la plus douée de Comté, puis de Terre du Milieu; elle exploitait son sang de hobbite, sa taille, sa discrétion et son imagination et faisait mouche à chaque coup.

Elorin devient la seule occupation des Shirrifs de la Comté, leur fournissant une chouette distraction des poules égarées. Ils s'étaient déjà habitués à la ramener la jeune hobbit par la peau du col à chaque fois qu'elle tombait dans des ennuis gentillets ou volait des fruits et légumes, mais ils apprécièrent moins de devoir trouver des punitions pour des crimes que personne d'autre n'avait jamais commis en Comté.
La situation s'envenimait jusqu'au jour où sa mère la jeta à la porte, excédée. Sa mère pensait lui rafraîchir les idées en la forçant à dormir une nuit dehors – les nuits étaient douces et l'herbe haute, ce n'était pas une torture – et qu'elle reviendrait le lendemain lui implorer pardon et se rachèterait une conduite.

Sauf que. Elorin mit les voiles sans la moindre parole d'excuse. Pour Bree d'abord, où elle découvrit que Méawyn avait fait de même, pour une destination inconnue. Pour le reste de la Terre du Milieu, là où ses pieds nus la guidaient, ensuite.

Revenons donc au présent et aux 37 ans d'Elorin.
Les cheveux sont portés lisses et sont parsemés de tresses où sont accrochés des pièces d'or et des pierres précieuses – son trésor, plus facile à transporter qu'une bourse qu'on peut facilement dérober. Un chapeau cache ses oreilles d'hobbit qui s'agitent selon ses humeurs. Elle a troqué les jolies robes des hobbits contre des vêtements d'hommes, principalement récupéré à des nains ou des hommes dans des jeux d'argent qu'elle a gagné ou volés dans des ruelles.
Son poignet droit porte une profonde marque rouge et il manque deux doigts à cette main : on a un jour voulu lui couper la main après l'avoir prise la main dans le sac – littéralement : on a attaché son poignet à une corde, tendu la corde au travers du billot et espéré qu'elle ne ferait pas tout pour s'échapper; elle a tend tiré qu'elle s'est entaillée jusqu'à l'os mais à réussit à ne présenter que son petit doigt et l'annulaire à la hache. Et puis, elle est meilleure avec la main gauche.

Son ton est sarcastique, sa démarche nonchalante et ses yeux pétillent de malice. Elle a visité une bonne partie des prisons de la Terre du Milieu, s'est faite condamnée à mort plusieurs fois mais s'est toujours enfuie. Ses talents de voleuses sont indéniables et elle se défend bien pour assassiner les gens par derrière ou espionner discrètement. Là où elle est encore meilleure c'est pour boire et vous piquer votre argent quand vous la croyait ivre morte.