Que faisiez-vous pendant que les nains reprenaient la Montagne Solitaire et que Smaug piquait sa crise ?
Ces événements se sont passés bien loin de nos terres, et je n'avais alors que douze ans. Je devais sans doute être en train de nourrir les chevaux, ou de nettoyer l'écurie, si je n'étais pas en train d'apprendre à monter mon premier cheval, Headred.
Durant l'intrigue n°1, où étiez-vous, que faisiez-vous ?
Les événements de Lond Daer nous ont épargnés moi et mon père. Notre demeure se trouvant sur les rives du Limlight, à la frontière nord du Riddermak, nous n'avons eut que des échos des faits d'armes de l'armée de Méadred, des tribus unies des Dunlendings, et de la prise de Lond Daer. Mon père entend d'une mauvaise oreille ces rumeurs de traité de paix entre les Eorlingas et les Dunlendings, et n'a pas tardé à me mettre une épée dans les mains pour m'apprendre à m'en servir. "Toutes les femmes de ce pays se doivent d'être habiles avec une lame." m'a-t-il dit. "Celle qui ne savent pas les manier meurent par elles."
Longtemps caché à Dol Guldur sous le surnom de Nécromancien, Sauron en a été chassé par le Conseil Blanc et s'éveille maintenant au Mordor : que savez vous de ces changements et évènements ?
Que les rumeurs que les cavaliers du Riddermark nous apportent lorsqu'ils viennent ferrer leurs chevaux. "Le Nécromancien" n'est qu'un nom mystérieux dont nous avons entendus parler ces derniers mois, mais mon père et moi pensons que ce ne sont que des histoires pour faire peur aux enfants. Mais certains d'entre eux disent avoir vu ou cru voir de terrifiants cavaliers noirs traverser le Riddermark à la nuit tombée, et je mentirai si je disais que cela ne m'angoisse pas avant de m'endormir...
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années, vos rêves et plans pour l'avenir ?
Quand j'étais petite, je rêvais d'être l'une des meilleures cavalières du Riddermark pour espérer faire partie des cavaliers du Roi. Puis mes rêves sont devenus plus réalistes et accessibles, et j'ai souhaité devenir dresseuse. C'était avant que mon père ne me dise qu'en tant que jeune femme, on attendait plus de moi que je me marrie et prenne soin de mes enfants et de mon mari plutôt que de mon métier... "Mais Papa, je ne pense pas être prête à avoir des enfants. Encore moins pouvoir être heureuse en m'occupant seulement de mes enfants et de mon mari. Je veux m'occuper des chevaux aussi..." lui avais-je dit, inquiète. Son opinion a toujours beaucoup compté pour moi. Il du le voir, car il me répondit avec un sourire confiant et rassurant : "Tu trouveras sans doute un bon mari, qui voudras te voir heureuse et te laisseras faire ce qui te rendra heureuse." Je pouvais voir la fierté dans ses yeux alors qu'il me regardait, mais il me fallait un peu plus qu'un "sans doute" pour effacer mes inquiétudes. "J'en suis sûr" ajouta-t-il comme lisant dans mes pensées. J'étais sa fille, il n'avait pas besoin de mots pour me comprendre. "Tu es loyale et tu ne rechignes pas à la tâche. Tu trouveras quelqu'un qui te rendra heureuse."
Et j'en rêve depuis. Je suis en âge de me marier, mais je ne sais pas encore d'où il viendra. J'espère qu'il sera un fils d'Eorl, aussi passionné par les chevaux que moi, mais je ne semble pas être de celles à attendre en se posant des questions. Plus les mois passent, et plus je gallope avec Felarod jusqu'aux frontières du Riddermark, rêvant des terres au-delà, qui peut-être auront plus de place pour les femmes que le Riddermark.
Quelle est votre votre histoire ?
Je m’appelle Déorwyn, fille de Déormund et Aelfwyn. Je suis née en l’année 2930 du Troisième Âge, en plein été. Mon père est maréchal ferrant, mais nous avons également quelques chevaux à nous, dont ma mère s’occupait et dont je prends soin aujourd’hui, un cadeau de mariage de son père éleveur : une jument et un étalon, Wynnod et Stybb, désormais âgés d’un peu plus de vingt ans. Ils ont eu cinq poulains : Héadred, sur qui j’ai appris à monter, ses quatre frères et sœurs, Steadyfoot, Hardyfoot, Goldmane, qui est née le jour de mon quatorzième anniversaire, et Felarod, le premier cheval que j’ai débourré moi-même, en suivant les conseils d’un dresseur. Ils sont tout ce qu’il me reste de ma mère, avec les souvenirs que moi et papa en gardons.
Elle était belle, des yeux clairs comme les eaux qui coulent des montagnes au printemps, les cheveux blonds comme tous les enfants d’Eorl, mais c’est son odeur dont je me souviens le plus. Elle sentait la liberté, le vent quand il souffle de l’ouest de toute sa force à travers la Trouée du Rohan. C’est l’odeur que je sens quand je galope avec Felarod le long des collines du Wolde, en suivant les rives du Limlight.
Nous vivions alors dans l’Eastfolde, là où le Snowbourn se jette dans l’Entwash. Je ne sais de cette terrible journée que ce que mon père m’en a raconté. Je ne me souviens que de peu, hormis le martèlement des sabots des chevaux terrifiés, resté gravé dans ma mémoire. Nous vivions de manière isolée, comme beaucoup dans le Riddermark, et nous n’avions eu aucun avertissement du raid d’orcs venus de l’ouest. Les chevaux avaient sentis la fumée avant que mon père ne la voie s’élever à l’horizon. Il était déjà monté en selle, croyant à un incendie et prêt à venir en aide, quand des cavaliers nous passèrent au triple galop. L’un d’entre eux ralenti et l’averti du danger, nous sauvant la vie. Mon père me prit sur son cheval, libéra les autres de leur enclos alors même que mon père pouvait déjà apercevoir la horde d’orcs au loin, et nous chevauchâmes jusqu’à Edoras. Ma mère s’était rendue dans le Westfolde rendre visite à ses parents, et mon père espérait les retrouver derrière les murs protecteurs de la ville de Théoden. Mais il n’y trouva que ses parents. Ma mère avait disparue.
Les orcs n’atteignirent jamais les remparts de la ville. Les cavaliers du Roi les massacrèrent à plusieurs lieues de là. Mais lorsque nous revînmes à la forge de mon père, il ne restait que des cendres. Il en fût de même pour le village de mes grands-parents. Nul n’avait vu ma mère, avant, pendant, ou après l’assaut.
Mon père décida de retourner vivre dans le Wolde où il avait grandi, aux frontières nord du Riddermark. Mes grands-parents s’installèrent quant à eux à Edoras, gardant l’espoir de voir un jour leur fille réapparaître. Mon père m’a quant à moi interdit tout faux espoir. Nous n’avons pas eu de corps à enterrer, mais je suis un jour allée à la lisière de Fangorn planter un arbre en souvenir d’elle, un pommier. Il m’a aidé à grandir avec son absence, me rendant aux côtés de la jeune pousse quand elle me manquait. Cela fait treize ans maintenant. Sa floraison est magnifique au printemps, et l’automne, Felarod se délecte de ses pommes. J’aime cet arbre. Sans doute le plus jeune de toute cette étrange forêt. Il vivra encore longtemps, je l’espère, si les Dunlendings ou les orcs ne l’abattent pas, plus longtemps que mes chevaux, plus longtemps que moi, plus longtemps que les Rois…