Faisant partie de la population des Montagnes Bleues, Ralla était restée en Ered Luin et attendait patiemment de voir ce à quoi cette quête allait résulter. Elle n’avait pas vraiment chercher à y participer, ne pensant pas vraiment qu’une compagnie si petite en nombre allait réussir à reprendre un royaume déchu habité par un dragon. C’est avec étonnement qu’elle apprit les nouvelles du retour d’Erebor, et c’est avec joie qu’elle s’y est rendue, suivant le peuple qui réintégrait sa maison.

Présente à Erebor lors de l’attaque, Ralla avait dû  descendre de son perchoir, où elle s’occupait des corbeaux, et ses épées avaient pu caresser un peu de chair gobeline ce jour là. Elle n’avait subit aucune blessure majeure et avait réussi à évacuer un petit groupe de nains resté coincé dans une salle inférieure. Ce n’est pas une journée dont elle chérit le souvenir, évidemment, mais il y avait déjà eu pire. Enfin, ça c’était sans doute parce qu’elle n’avait pas eu à faire face au troll qui les attaquait. Elle a eu vent de ces événements par la suite, et elle était à la fois rassurée de ne pas avoir dû l'affronter et déçu de ne pas avoir pu l'achever.

Avant le retour de Thorin sous la montagne, Ralla n’avait entendu que de vagues rumeurs sur une force maléfique qui reprenait du pouvoir. Mais quand l’ancien roi est revenu, elle a tenu à être mise au courant sur les raisons derrière ce retour, se souvenant très bien de ce que la montagne lui avait fait, de ce roi malade et indigne de son trône, et elle ne lui faisait pas entièrement confiance. On lui avait dit qu’il devait s’éloigner d’une bataille à laquelle prenait part un rival, et sur sa demande on l’avait informée des détails de ladite bataille. Ainsi, elle connaissait maintenant l’existence d’un ancien ennemi qui revenait en surface et qu’on tentait de mater le plus tôt possible. Cependant, la naine ne sait pas que cet ennemi est de retour en Mordor, elle n’a pas eu vent de l’issue de la bataille et, preuve qu’elle considère cette menace comme moindre, elle n’y pense plus du tout.

Plusieurs plans se bousculent dans la tête de Ralla, certain dont elle doute de l’avenir même d’autre qu’elle tente à tout pris de concrétiser. Son principal objectif depuis des années est de retrouver Ljota. Depuis que celle qu’elle considérait sa soeur s’était exilée, la gardienne des corbeaux n’avait qu’une idée en tête: la retrouver. Elle n’était pas convaincue de pouvoir la ramener sur le droit chemin, mais elle était déterminée à au moins essayer. Se doutant bien que la blonde plongeait dans des affaires douteuses, elle préparait une quête éventuelle depuis des années, minutieusement, détails après détails. Se renseigner sur ce que Ljota pourrait être devenue est maintenant la prochaine étape, même si elle a peur de ce qu’elle pourrait découvrir.
Ralla, combattante féroce, veut également perfectionner ses techniques de haches. Elle manie bien les épées puisqu’elle a grandit avec, mais elle a d’abord négligé la hache ce qui fait qu’elle n’est pas aussi douée pour s’en servir que ce qu’elle souhaiterait. Elle n’a pour l’instant rien entreprit pour s’entraîner mais ce sont des projets qu’elle veut réaliser dans un avenir proche.
Il y a également Gabrielle qu’elle espère approcher… mais elle sait qu’il est très improbable qu’elle en aie un jour le courage. Elle a beau être rude et sauvage, quand il s’agit de parler et de se faire valoir, elle patauge complètement. Pour son plus grand malheur. Il y a également une dernière chose, une toute petite chose qu’elle tient au fond de son coeur depuis sa plus tendre enfance: elle veut voir la Moria un jour, et si jamais une expédition est organisée, elle n’hésitera pas.

Née en 2813 T.A., Ralla n’a pas eu une enfance des plus facile. Elle faisait partie d’une lignée originaire des Mines de la Moria. La splendeur et la grandeur du royaume, elle ne l’a jamais entendu que dans les chants et les légendes de ses parents, convaincus qu’il y avait un moyen, quel qu’il soit, de reprendre le royaume déchu. Petite, elle y croyait, évidemment. Ses géniteurs ainsi que leur entourages semblaient si motivés, obsédés presque, par cette idée que dans son raisonnement, il était impossible qu’on n’entendit pas un jour résonner à nouveau les forges de Khazad Dûm. Malheureusement la vie nous montre trop souvent que les rêves d’enfants ne sont que des rêves: elle perdit ses parents très tôt, trop tôt, quand ils décidèrent finalement de participer à l’une des expéditions sans espoir, menée seulement par l’espoir de pouvoir vivre sous la Moria encore une fois. Réaliser qu’elle ne verrait plus ses deux seuls piliers l’ébranla profondément.

Normalement, on prévoyait de l’envoyer en Erebor, là où des nains généreux étaient toujours près à s’occuper des orphelins disséminés à travers la Terre du Milieu. Seulement, avant même sa naissance la montagne fut attaquée par Smaug, ce qui la forca à rejoindre Ered Luin où s’étaient installé le peuple de la Montagne Solitaire. Bien évidemment, les nains ayant perdu la totalité de leurs richesses au profit du cracheur de feu, le royaume était peu prospère, et c’était pire pour Ralla. Elle n’avait rien, ni famille, ni amis, ni argent. Rien. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Nyî. Sûrement par pitié ou compassion, la naine l’introduisit dans son entourage, et offrit à la brune ce qu’elle n’avait plus: une famille. Aujourd’hui encore ils sont ce qui se rapproche le plus d’un foyer. Part l’entremise de Nyî, avec qui elle est encore grande amie, presque soeur, à ce jour, elle fit la connaissance de nains et de naines qui sont et seront à jamais cher à son coeur. À commencer par Seidrin, qu’elle trouvait pourtant assez désuet au tout début, mais avec qui elle cultiva un lien solide et durable. Ils partagent ce désir fou et instable, sur lequel ils ne peuvent pas réellement mettre de nom, cette sorte de flamme qui brûle en permanence en eux et qui les fait sentir plus vivants. Pour être plus exact, c’est Seidrin qui a ranimé ce feu en Ralla, qui ne l’avait plus vu depuis la mort de ses parents, depuis qu’on ne la berçait plus d’histoires merveilleuses à propos de la Moria. Et puis, lui et son culte de Mahal, et les transes auxquelles il la faisait participer, ce sont des choses qui ne s’oublient pas. En plus du fanatique, il y eut Ljota. Cette naine, elle la considère comme sa soeur. Elles ont tout fait ensemble: des choses bien, et des choses moins bien. Les tavernes, elles les ont toutes connues. Elles se sont vues sous leur meilleur jour comme traversant leurs pires tempêtes, et ça ne faisait que les rapprocher. Mais Ljota partit. Se fit mettre dehors, plus précisément. Si Ralla n’aurait pas eu peur de ce qui put lui arriver par la suite et si elle n’avait pas une immense dette envers les nains d’Ered Luin, elle s’en serait plainte. Souffrant plutôt en silence, elle se jura de retrouver son amie un jour et de la ramener dans le droit chemin.

Ayant été adoptée, elle se considérait chanceuse, ainsi elle décida qu’elle devait faire des efforts et arriver à quelque chose. Elle n’était pas des plus brillantes, selon elle, alors elle se dirigea plutôt vers des disciplines d’avantage physiques: le maniement des armes, la chasse et la fauconnerie. Pour cette première, elle souhaitait apprendre à se battre parce qu’elle estimait que dans le monde où elle vivait, savoir se défendre était indispensable, et parce qu’elle avait un compte à rendre aux gobelins qui lui avaient pris ses parents. Pour ce qui est de la chasse, c’était avant tout en paiement de ce qu’elle devait à ceux qui s’étaient occupé d’elle. Pour en prendre soin autant qu’ils avaient prit soin d’elle. Quand à la fauconnerie, c’était depuis le jour où elle avait vu pour la première fois un corbeau qu’elle sut que ces oiseaux étaient une source de fascination et de bonheur chez elle, rien de plus simple. Pendant des années et des années, elle bûcha dur afin de parvenir à ses buts, mais ce n’est pas sans aide qu’elle y arriva.

Indis. Combien de temps ce nom avait-il résonné dans son esprit comme une mélopée désespérée? Trop peut être. La naine avait aider à perfectionner son maniement des armes, mais elles finirent pas devenir amies plutôt que d’entretenir une relation vague et distante. Ralla n’avait jamais vraiment considéré la blonde comme quelqu’un de normal, pour tout dire. Elle l’avait toujours idéalisée, allant jusqu’à la voir comme une lointaine déesse, et pourtant elle s’entretenait avec elle presque à tous les jours. Elle en a été amoureuse pendant de longues années. C’était un feu dévorant et douloureux: ses chances étaient nulles et elle le savait, alors elle endurait en silence et se contentait de l’amitié d’Indis, ce qui, en sois, était déjà beaucoup. Jamais la blonde n’apprit l’existence de ces sentiments si puissant qui avaient rongé le coeur de Ralla. Du moins, jamais elle ne lui dit: si elle avait deviné, la brune ne le savait pas, et préférait ne pas le savoir en tout franchise.

C’était peut être parce qu’elle désirait plaire à Indis, mais quand elle fut sous sa tutelle, la jeune naine fit des progrès spectaculaires et devint une très bonne combattante. Certes pas une experte, mais elle était douée et elle le savait. Ce talent survint sans doute à la bonne époque, puisque quelques mois à peine après sa toute dernière leçon, les nouvelles vinrent. Les bonnes nouvelles. Erebor était reconquise. Ah! Elle se rappela toujours de la joie qui prit Ered Luin aux tripes et qui donna lieu à bons nombres de célébrations. Elle se rappela toujours du voyage entre les Montagnes Bleues et la Montagne Solitaire, quand elle put franchir les hautes portes de la cité pour la première fois et se tenir sous les murs des fils de Dúrin. La splendeur de la cité lui rappela ses rêves d’enfances, tournés vers la Moria. C’était mieux que tout ce qu’elle avait pu espérer, et elle était même prête à renoncer à Khazad-Dûm si c’était pour vivre en cet endroit. Enfin! C’était ce qui lui avait traversé l’esprit à ce moment là, évidemment. Ce n’était plus forcément vrai, mais c’est pour souligner tout l’effet que le royaume nain lui avait fait.

Elle entra en temps que membre de la garde et gardienne des corbeaux. Indis et elle étant restées amies, elle vint lui rendre visite un jour, et c’est là qu’elle vit une jeune fille rousse s’entraîner à la hache avec elle. Gabrielle. Ralla n’eut pas le courage de l’aborder et ne l’eut jamais par la suite… mais ce n’est pas pour autant que l’idée ne lui a pas effleuré l’esprit, des dizaines et des dizaines de fois. Un jour, se dit-elle, un jour.

Cette vie qu’elle vivait, c’était une vie agréable, qu’elle n’échangerai sans doute pas. Le seul bémol était sans doute les batailles trop peu fréquentes: ses épées, se disait-elle, devaient rouiller dans leurs fourreaux, et elle rêvait parfois de tenir sa hache entre ses mains et de hurler à plein poumon en sentant l’adrénaline de la bataille lui emplir les veines. Mais elle songeait également à la chance qu’elle avait d’être dans le royaume retrouvé d’Erebor, et elle endurait ses quelques regrets. La vie de prospérité dont ses parents rêvaient, c’était sans doute un peu comme cela, excepté qu’ils rêvaient d’un autre royaume. Oui, cela devait être comme ça.