Attirée par les troubles que l'éveil du mal assénait à Mirkwood Nilioniel a osé s'aventurer dans cette forêt que pourtant elle prend soin d'éviter. Elle rôdait aux alentours de Dol Guldur lorsque la créature expira et elle n'apprit sa perte que quelques temps plus tard. Il est regrettable qu'une telle âme ait finalement trouvée une telle fin et l'elfe osera probablement s'aventurer à Laketown pour tenter de voir les restes d'une si fascinante créature. Mais ce n'est là qu'une épreuve de la vie et Nilionel n’éprouve rien à l'idée que les nains ait reprit leur cité.
   

   Elle rôdait autour de Dol Guldur, attirée par les sombres relents qui régnaient. Elle fut une spectatrice prudente des évènements qui s'y déroulèrent, sa prudence l'a empêché de voir ce qui se déroulait réellement mais elle en perçu assez pour ce faire une idée et comprendre que le mal qui régnait là était ancien et pourtant presque oublié. Elle eut aussi la sensation que les grands de ce monde réuni ici n'ont apparemment pas réussi à anéantir le trouble fêtes ce qui annonce des heures sombres mais pas forcément dénuées d'intérêt.
   

   Elle a été le témoin de ces évènements qui titillent son intérêt. La Terre du Milieu est probablement à la frontière d'une nouvelle ère et l'elfe compte bien en faire partie qu'importe le camp qui l'emportera. Nilionel est donc bien décidée à rester attentive au sens du vent pour savoir comment jouer ses pions et ainsi profiter de cette opportunité qui ne se présente que trop rarement.
   

   Continuer de vivre sa vie comme elle l'entend et pour cela elle doit rester attentive aux évènements qui se déroulent autour d'elle. Il ne faudrait pas jouer le mauvais pion au mauvais moment. Et puisque les troubles semblent revenir il est possible qu'elle cède à l'envie de donner de sa personne si les conséquences devaient perturber la vie des elfes sylvestres qui n'ont toujours pas payé leur cruauté à ses yeux.
   

Notre histoire commence quelques temps avant la naissance de l'elfe qui nous intéresse. Artanis, elfe sylvestre et mère de Nilionel faisait partie du royaume de Mirkwood. Détentrice d'un savoir transmis de génération en génération elle était guérisseuse mais concevait aussi bon nombres de décoctions capables de réaliser les nombreuses envies de ses clients. Contrairement aux habitudes de son peuple il lui arrivait de traiter directement avec les autres races de la Terre du Milieu qui étaient, pour certaines, plus friandes d'une autre partie de ses compétences: la réalisation de poisons plus ou moins nuancés. C'est ainsi que plusieurs âmes en Terre du Milieu subir les conséquences de ses transactions sans même qu'elle ne les connaisse. Fièrement attachée à sa liberté Artanis n'accorda jamais de crédits aux mises en gardes de son entourage qui s'exprimait en ignorant pourtant l'étendue de ses créations, la plupart s’inquiétant surtout du fait qu'elle traite ainsi avec le monde sans l'accord du roi.

Ses activités perdurèrent jusqu'à ce qu'elles soient dévoilées jusqu'à atteindre les oreilles du roi lorsqu'une des créations de l'elfe enleva la vie à un petit nobliau humain. Cette révélation en dévoila d'autres et Artanis dû comparaître devant le roi. Celui-ci ne vit qu'une sanction adéquate face à l’ampleur de ces affaires d’empoisonnement et banni l'elfe avec sa mystérieuse progéniture qui grandissait dans son ventre. Car si cette affaire prit le pas sur toutes les rumeurs une autre avait auparavant grandit dans les dédales de Mirkwood sur cet enfant à naitre. Tous ignoraient l'identité du père et les plus imaginatifs en arrivèrent à lancer l'idée qu'Artanis avait trouvé une décoction pour créer la vie. Supposition des plus saugrenues qui avait cependant amusée l'elfe qui avait laissé courir la rumeur.

Mais l'elfe se retrouva donc banni dans ce monde qu'elle connaissait peut-être mieux que ses anciens amis. Meurtri par cet abandon, Artanis ne se laissa pourtant pas dépérir et tâcha de construire une vie capable de recevoir les premiers pas de sa fille à naitre. Elle s'installa dans une chaumière abandonnée où elle put donner naissance à cet être qui ressemblait à s'y méprendre aux traits de sa mère. Nilionel vint au monde et grandit aux côtés d'une mère vengeresse qui ne cacha guère à sa fille les cruautés de la vie. Elle transmit à la jeune elfe les secrets de son art mais aussi son aversion pour ce peuple qui l'avait rejeté et exilé. L'enfant grandit et devint une âme redoutable, armée pour la plupart des épreuves de la vie qu'elle espérait assez longue pour venger sa mère.




Les années passèrent et la ressemblance entre la mère et la fille ne fit que grandir, à tel point qu'il arriva un jour que seul la lueur de leur regard pouvait les différencier lorsque l'on savait qu'elles étaient deux. Les décoctions créent par les deux âmes nécessitaient parfois des ingrédients bien spécifiques et il n'était donc pas rare de voir une des deux elfes bien loin de son logis avant d'y revenir. Ces voyages pouvaient durer plusieurs mois aussi Nilioniel ne s'inquiéta guère en ne voyant pas revenir sa mère au bout de plusieurs semaines, elle avait en effet pu croiser une occasion intéressante qui l'avait fait s'attarder en chemin. Cependant il arriva un matin où l'elfe su que cette absence dissimulait quelque chose de bien plus inquiétant et c'est le cœur empli de crainte qu'elle prit la route pour partir à la rencontre de sa mère.

Une journée de chevauchée la conduit à un village d'homme, l'un des plus proche de leur logis et dont les habitants venaient régulièrement cherchaient de quoi soigner leurs maux ou ceux de leurs bêtes. Nilioniel n'eut qu'à faire quelques pas pour que ses craintes trouvent leurs fondements, sa mère étaient bien là, usant de ses dernières flammes de vie pour respirer, étendue à la merci des intempéries sur la place boueuse du village. Nul n'avait bougé, préférant observer l'elfe expirer derrière leurs fenêtres ou à l'abri d'un toit. Les blessures qui parsemaient son corps ne provenaient pas des armes d'hommes encore moins de celles de paysans mais comment avaient-ils pu la laisser là ? Seule sans la moindre aide alors qu'ils étaient les premiers à venir la chercher lorsque la maladie survenait ?

Effondrée, c'est le cœur brisé que Nilioniel recueilli le dernier souffle de sa mère, le seul être cher qui avait fait partie de sa vie. La souffrance de l'elfe ne tarda pas à se muer en rage et lorsqu'elle quitta le village sa douleur fut entendue de tous et les villageois furent prévenu: lorsqu'elle reviendrait ce serait l'heure de leur trépas. Les hommes ne prirent pas cette menace à la légère mais les jours passants, Nilioniel ne revint pas et bientôt on se rassura en se disant qu'elle ne pouvait rien faire contre un village entier ou qu'elle avait peut-être pardonnée. Mais bien évidemment tous se fourvoyaient et bientôt le mal frappa, plusieurs habitants tombèrent malade et dépérirent à vue d’œil. La maladie n'était apparue que depuis un jour lorsque le soir venue une étrange femme vêtue de noir et arborant une paire de corne sur le crane apparue au centre du village.

Cette apparition, tous la reconnurent mais cette apparence maléfique leur fit bien vite murmurer qu'il s'agissait de l'âme d'Artanis elle-même qui venait se venger. La femme leur annonça que le mal qui les frappait était le prix à payer pour leur inaction et que bientôt ce village ne se résumerait qu'à quelques malheureuses âmes tout juste bonne à rappeler aux autres que personne ne devait la trahir. Et sa prédiction se réalisa car d'autres villageois tombèrent malade et aucun remède ne fut trouvé avec que chacun ne sombre dans la mort. Un petit groupe osa venir implorer celle que l'on surnommait à présent la Sorcière de Fangorn mais ils ne cueillir qu'amères moqueries et rentrèrent donc bredouille. Cependant la maladie finit par disparaître comme elle était apparu, ne laissant qu'une petite dizaine d'âmes vivantes dans un village qui n'était à présent guère plus qu'un hameau. Pour accomplir son dessein Nilioniel n'avait eu qu'à empoisonner la source du village mais ce simple stratagème ne fut deviné et la rumeur lui accorda des pouvoirs qu'elle ne possédait guère.




A présent seule, Nilioniel entretient le mythe de la Sorcière de Fangorn qui est une arme redoutable contre les curieux. L'elfe a disparu au profit de cette étrange créature à cornes qui semble sans âge. Elle continu cependant à vivre de ses décoctions qu'elle échange bien souvent contre des biens ou de l’argent sonnant et trébuchant. Ses visiteurs venant de tous horizons, elle a amassé une collection d’objets plus ou moins rares, certains possédant même des pouvoirs que bien souvent l'ancien propriétaire ignorait. Il arrive donc parfois que l'on vienne la chercher unique pour savoir si un artéfact n'est pas en sa possession et s'il est envisageable de l'échanger.

Ainsi le monde vient régulièrement jusqu'à sa porte même si de manières générales seules les âmes courageuses ou désespérées osent véritablement arriver jusqu'à sa porte. Mais l'elfe rôde aussi en Terre du Milieu, car bien évidemment elle a besoin de refaire quelques stocks d'ingrédients mais aussi parce que la curiosité la pousse bien souvent à sortir de chez elle pour rester attentive à ce qui l'entoure. Le seul lieu qu'elle prend soin d'éviter est la forêt de Mirkwood, berceau de sa rancœur qu'elle espère bien pouvoir exprimer un jour. Les habitants de ces lieux payeront un jour l'exil de sa mère mais Nilioniel est assez patiente pour attendre l'occasion qui lui permettra d'atteindre ce but.




Ceux qui pensent que Nilioniel est seule ne pourrait pas mieux se tromper. L'elfe passe le plus clair de son temps avec la faune et la flore qui environne son logis. Apprécié de la forêt elle-même des arbres ont poussé autour de son logis, lui assurant la sécurité d'un domaine confortable car la flore qui pousse là depuis presque mille années a tendance à ne pas être très tendre avec les visiteurs indésirables.

Par le passé l'elfe a tenté d'éveiller certains arbres de la forêt de Fangorn, faisant ainsi appel à un savoir presque perdu mais certaines de ces écorces sont bien trop endormies pour arriver à un quelconque résultat et les bergers de la forêt sont devenus bien trop peu nombreux pour aider ces âmes perdues. Néanmoins elle entretient quelques très bonnes relations avec les derniers des ents qui sont une source presque infinie de connaissance pour Nilioniel. Amie de la faune et la flore, l'elfe préfère cette compagnie dénuée de malignité pour laquelle elle serait prête à se battre comme elle a pu le démontrer en de rares occasions.

Et c'est donc le bouleversement de cette nature qui l'a dernièrement poussée à franchir les frontières de Mirkwood. Elle a trouvé là-bas le mal mais aussi la vie car tout aussi maléfique que peuvent être ces créatures qui grignotent peu à peu ce territoire elles ont sans doute le droit elle-aussi de vivre. Depuis ce séjour cette question se pose à son esprit et le doute la laisse dans l'inaction car elle n'est guère certaine de devoir interférer dans ce cycle qui est aussi celui de la vie.