Avant de participer à la Bataille des Cinq Armées, Beorn combattait les quelques Orcs qui s'étaient aventurés dans ses terres, comme il l'a toujours fait. Quoique ces derniers temps, ceux-ci devenaient plus envahissants et le vieil ours devait user d'une pléthore de forces pour préserver l'Anduin. Même si contre les quelques patelins calcinés par le passage du dragon, Beorn ne pouvait malheureusement rien faire, outre prier qu'il n'y ait plus de dégâts.
   

  Lorsqu'il s'aventurait dans la Forêt Noire, il fit bien évidemment les frais des imposants arachnides. Mais c'est essentiellement des sbires du Déchu qu'il fit les frais. Ces saletés gerbaient à n'en pas faillir aux quatre coins de la terre du milieu! Foutu Sauron! Foutu anneau! Qu'ils aient tous aux diables, dans les laves de la Montagne du Destin!
   

   Tout ce que son vieil ami Radagast a pu lui apprendre: tout. Le vieil ours connaît les rumeurs qui pullulent avec virulence aux alentours. Le vieux mage l'a tenu avisé, mais pas que lui. La venue éphémère de Gandalf en sa forteresse, en même temps que les nains, lui a permis d'obtenir des propos plus cohérents et logiques d'un esprit sage et moins enflammé que son vieil ami des bois.

   

Tu appréciais les caresses de l'hélianthe sur ton pelage. La bise chaude de l'été sur son faciès détendu. Assoupi au grès d'une petite motte de terre, un bébé colline, tu laisses l'Uridé s'alanguir dans la canicule de midi. Le miel tournoyer en tes entrailles dans une délicieuse kyrielle de nectar sucré. Oh dieu, que tu appréciais paresser sous l’œil enflammé de l'azur, ta bedaine tremblotant sous le soulèvement de ton diaphragme, au grès des ronflantes inspirations. "Beorn!" Arf, mais bien vite, le timbre courroucé de ton père grondait non loin, te ramenant à tes obligations en tant que seul héritier du vieil ours. Alors, grommelant d'un ton respectueux, tu soulèves ta lourde et jeune carcasse de ton ostensoir pour bondir vers un format plus grand de toi.

Beorn est né de l'union entre un change peau (Ursorn) et une humaine. Union classique en terre du milieu... Mais l'ours était déjà vieux lorsqu'il eut l'unique héritier de ses connaissances à transmettre. Jeune garçon fougueux et curieux, Beorn avala tout ce qu'il put apprendre de son paternel. Tout comme de sa mère. Le couple vivait d'amour et petites boutades au grès d'un chalet qu'Ursorn avait bâti de ses propres paluches. La bâtisse ressemblait à l'habitacle d'une ferme: modestement imposante, solide et centralisé au cœur d'une petite plaine bordée de sylves.

Tout comme Beorn le serait plus tard, Ursorn se montrait rude et autoritaire avec son ourson. Pas trop, juste la dose nécessaire pour éviter que sa progéniture n'ait se nicher dans mille problèmes... C'est dans la périphérie de ses vingt ans qu'il perdit et sa mère, et son père, en une même année... La première s'endormit d'une fièvre tenace. Le second se perdit dans les méandres d'un chagrin vivace et d'un abandon évident au cœur d'une bataille contre des Orques. Arrivé à un âge où il n'espérait plus rien, la mort de sa tendre et douce lui ôta toute envie de persévérer. Même son unique fiston ne parvint à le redresser et Beorn se retrouva bien assez vite seul aux portes de la vie adulte...

Heureusement, débrouillard et déjà fort mâture pour son âge, Beorn ne se laissa pas abattre par le décès de ses parents et repris en main le pensum familial. A savoir: la protection du Gué du Carrock et ses alentours. Ainsi s'écoula l'accalmie parfois clairsemée d'escarmouches avec Orcs et Wargs. Il renforça sa maison en allant jusqu'à construire des remparts tout autour, pour en préserver le bétail et ses ruches.

Contrairement à son père, Beorn devient père quand il était encore assez jeune. Le grand ours enhardi flirta avec une humaine qui lui donna bien vite Grimbeorn, son adorable petit ourson. Mais sa douce avait le cœur libre et indépendant. Aussi partit-elle aussitôt qu'elle eut donné un héritier à son gros ours adoré, car son cœur appartenait aux voyages. Seule la figure paternelle fit donc office d'éducation pour le jeune change peau, qu'il entreprit d'élever à sa juste façon. Car Grimbeorn était ce qu'il y avait de plus cher aux yeux de Beorn.

Les années s'écoulèrent où le fils apprit du père et où chacun se mit à arpenter l'Anduin dans le but d'en protéger ses terres et ses habitants du mal qui pourrait s'infiltrer entre les arbres. Bien qu'assez rustre et casanier, Beorn accueillait parfois des voyageurs perdus en sa demeure avant de les relancer sur le bon chemin. Parmi eux, il eut d'abord la déplaisante surprise d'accueillir Thorin et sa suite de petits guerriers lors d'une boutade avec les Wargs. Malgré son aversion des nains, le bref séjour fut calme et curieux. Surtout à l'adresse du petit hobbit qui les accompagnait. Quoiqu'il en soit, cet évènement singulier sonna les prémices d'une bataille à venir.

Et quelle bataille pardieu! Contre des troupes d'Orcs à n'en plus finir, elfes, nains et quelques hommes s'étaient alliés pour pourfendre les carnes viciées. Et lui aussi se mit à l’œuvre au cœur de cette guerre acharnée. Pendant que Grimbeorn s’affairait de son côté, Beorn apporta son grain de sable dans la bataille, faisant pencher la balance en faveur des alliés. Cette victoire attira le respect et la confiance de nombreux habitants vivant en Anduin, si bien que Beorn devint seigneur de cette région peu de temps après la bataille.

Depuis lors, le vieil ours maintien tant que possible la sécurité dans l'Anduin, et surtout dans les environs du Gué du Carrock, là où il a vécu depuis son enfance. Oui, aux côtés de son fils, le change peau veillait à l'accalmie de ses terres natales...non sans contracter son museau devant le mal grandissant en terre du milieu.