Elle n'était pas la seule a briller : ses soeurs parsemaient par centaines les hautes voûtes de Menel, le ciel. Comme toutes les autres, elle brillait constamment, sans faiblir. Son éclat, à l'instar de celles qui peuplaient le ciel, était destiné à durer toujours, car elles étaient toutes animées par l'écho lointain de la vie sereine de Telperion et le souffle béni de Varda la toute puissante. Elle n'était pas la plus éclatante des étoiles : sa lumière bleutée ne cessait de se perdre dans la pénombre obscurissant Arda. Qu'avait-elle de spécial ? Quelle différence mystérieuse pouvait expliquer l'assiduité de cette créature ? pourquoi la regardait-elle avec autant d'émerveillement et de joie muette ? Cette fois-ci ne faisait pas exception. Elle était là, les yeux aussi profonds que la nuit, levés vers l'étoile qui attirait toujours son attention. Ses cheveux châtains tombaient mollement sur ses épaules avant de glisser dans son dos et sur sa poitrine en tourbillons désordonnés. Son jeune visage souriant étincelait d'intelligence et ses lèvres entrouvertes semblaient vouloir laisser échapper des exclamations enthousiastes exprimant son bonheur. Elle resta silencieuse, taisant son admiration et sa félicité. Ses oreilles effilées pointaient vers les étoiles suspendues à la voûte céleste au dessus de sa tête.
Sa vie se limitait à peu d'expérience. Elle avait d'abord longuement dormi, dérivant sur l'océan calme de ses songes, bercée par une chaleur réconfortante, et inconsciente encore du destin qu'Eru avait forgé pour elle et ses semblables. Ceux qui seraient les premiers nés, les Elfes. Elle s'était brusquement éveillée comme d'autres, appelée par es réminiscences de l'Ainulindalë et les voix des Ainur. Ses yeux s'étaient ouverts sur le ciel étoilé alors que l'air avait empli pour la première fois ses poumons. L'Elfe avait tant de choses à découvrir, pourtant, elle préférait admirer les étoiles, et une étoile en particulier. Un lien unique les unissait, expliquait cette fascination. Ce lien se résumait à un mot. Un nom. Quand elle avait ouvert les yeux pour la première fois, le regard de l'Elfe s'était posé sur cette étoile et la jeune femme lui avait donné un nom. Un nom qui la désignait elle seule, qui la distinguait de ses soeurs. L'Elfe avait suivi les impulsions de son coeur, l'avait laissé s'exprimer. Ce nom n'avait pour elle aucune signification particulière, elle aimait simplement le faire glisser sur sa langue, le faire rouler contre ses dents blanches, le prononcer d'une voix claire et haute afin qu'il se perde dans l'immensité du monde qu'elle avait encore à découvrir.
- Nénar. Interpella l'Elfe une énième fois.
La voix claire et chantante coulait naturellement comme un ruisseau dévalant les pentes abruptes d'une montagne. Son regard se détacha enfin du ciel; Elle cligna des yeux plusieurs fois de suite afin de chasser les étincelles lumineuses qui brouillaient sa vision, et se leva souplement. Son attention se reporta sur l'écho proche du clapotis du lac. Elle sourit et resta immobile quelques instants, écoutant les murmures rieurs et mélodieux de l'eau.
C'était la première fois qu'elle se risquait à marcher dans le lac. L'idée lui avait traversé l'esprit auparavant, car elle était capable de plonger sa main dans l'eau claire et de l'amener à ses lèvres quand la soif asséchait sa gorge. Elle se retourna lentement, et observa avec intérêt la rive qu'elle avait quittée, appréciant un nouvel aspect de son escapade. Elle n'avait jamais vu ainsi la berge du lac, et détaillait avec avidité cet endroit qu'elle avait cru connaître et qu'elle redécouvrait sous un autre angle. Divers éléments du paysage auxquels elle n'avait jusqu'alors jamais prêté attention l'intriguèrent et l'émerveillèrent : elle ne savait plus où poser son regard. Un mot, une syllabe vibra dans sa gorge.
- Nén. Dit-elle doucement en plongeant ses mains dans l'eau pur.
L'eau lui arrivait aux genoux, lui donnant une sensation de bien être. Cette étendue d'eau était un monde à elle seule, un monde renfermant ses mystères et tellement vaste que nombreuses étaient les choses à découvrir. L'Elfe le comprenait, et se promit de délier le noeud de secret du lac. Un respect et une admiration sincères lui étreignirent le coeur ; elle se sentit petite et vulnérable face à la calme et silencieuse majesté du lac. Elle n'était pas seule, plusieurs de ses semblables découvraient la beauté de ce qu'avait créer Eru et les Valars. Don Curwë qui s'était réveillé avec elle un peu plus loin. Les premiers nés commençaient à parler.
Mais tous ce qui était beau et coloré devenaient sombres quelques fois... Attaquant chaque être vivants. Un cavalier noir, sombre, aussi fluide que l'ombre de la nuit. Il renvoyait les âmes des premiers nés là où tout avait commencé. Mais certains résistèrent, se cachant, s'unissant. La peur devenait palpable, comme si Arda était devenu un enfer. Alors qu'elle tentait de se cacher, Nyméria - le nom que lui avait attribué ses semblables - était poursuivie par une ombre. Elle courait, courait, courait. Priant son étoile Nénar de lui laisser l'aider. Cette ombre était plus effrayante que le néant, elle n'avait jamais connue cela, jamais ressentie cela. cette peur tournoyant lui donnant mal au ventre. Ne regardant pas où elle marchait mais plutôt ce qui la poursuivait, elle tomba d'une petite falaise et atterrit dans la boue.
La respiration haletante, les muscles endoloris par la course, un cri se fit entendre et l'ombre fit volteface pour une proie plus proche en poussant un hurlement effrayant. Jamais Nyméria n'avait vu une telle chose. Elle poussa un petit hurlement lorsqu'elle se redressa en tremblant, la douleur de la chute se faisant ressentir brutalement dans son dos. Elle tourna la tête puis découvrit une des créatures qui peuplait Arda. Elle était également dans la boue. Un cheval aussi banc que la lune mais tacheté de boue. Plus haut, les cris ne cessaient de se faire entendre, Nyméria préférait ne pas savoir ce qu'il se passait. Elle se redressa, et les mains tremblantes, elle fit quelques signes des doigts en tendant ses bras vers l'équidé pour le faire venir.
Elle devait partir de cet endroit. Ne sachant pas vraiment ce qu'elle faisait, le cheval s'approcha, Nyméria plongea ses doigts dans sa crinière argentée puis se hissa sur lui pour partir à toute vitesse. Le souffle contre son visage pâle, les mouvements de l'animal. Oui les Elfes étaient devenus craintifs. Jusqu'à l'arrivée du Valar Oromë. La plupart des elfes partirent, par peur. Mais cet être semblait divin, baigné dans la lumière de Valinor. Nyméria fit partie des semblables qui restèrent pour ne pas retourner dans l'ombre de Melkor.
Une guerre éclata entre les Valars et Melkor. Les Elfes ignoraient pour quelle raison ils se battaient, mais peu à peu l'ombre de Melkor disparut et retourna dans les ténèbres. Les Elfes furent appelés à Valinor, cependant, les premiers nés ne connaissaient les Valars que par leur guerre destructrice. Oromë choisit parmi eux trois ambassadeurs, Ingwë, Finwë et Elwë, qu'il conduisit au Valinor. Charmés par la lumière des Arbres, ils voulurent convaincre leur peuple d'écouter l'appel des Valar. Ce fut la première division des Elfes. La plupart des parents d'Ingwë, de Finwë et d'Elwë partirent pour l'Ouest, guidés par Oromë, et furent appelés les Eldar, tandis que d'autres, les Avari, refusèrent de partir. Nyméria suivit comme la plupart de ses frères et soeurs vers l'Ouest. La route fut longue, périlleuse, douloureuse... Mais Nyméria ne lâchait pas prise. Certains avaient rebroussés chemin ou s'étaient arrêtés pour vivre où ils avaient abandonné le chemin.
Après avoir franchi l'Ered Luin, les Montagnes Bleues, les Vanyar et les Noldor traversèrent le Beleriand ; mais à la vue de la mer, ils prirent peur, et beaucoup s'enfuirent dans les forêts et les montagnes. La Grande Marche avait donc conduit les Vanyar, les Noldor et les Teleri jusqu'au Beleriand ; mais le Grand Océan les séparait encore de leur objectif et les emplissait de terreur, et Oromë n'envisageait pas d'infliger le pénible passage du détroit de l'Helcaraxë aux Eldar. Ulmo se rendit donc auprès d'eux et changea leur crainte de la mer en amour ; puis il arracha de ses fondations une île qui reposait au milieu de l'Océan, afin de l'employer comme navette. Les Vanyar et les Noldor montèrent sur l'île qui les conduisit jusqu'au Valinor.
Vivant sous le règne de Finwë, elle apprit énormément. La mort des Arbres fut horrible pour l'Elfe. Pire encore, lorsque Finwë, le roi des Noldors fut tué, décidément, l'ombre de la mort les surveillaient chacun d'entre eux. Fëanor rassembla les Noldor devant la tour du Roi et leur fit un discours les exhortant à le suivre vers l'est, en Terre du Milieu. Il prêta alors, avec ses sept fils, un serment impossible à briser, jurant de poursuivre quiconque détiendrait un Silmaril, fût-il Vala, Elfe ou Homme. Nyméria retourna en Bélériand avec d'autres Elfes à la recherche des Silmarils. Elle le suivit en exils pensant que sa cause était juste. Mais lorsqu'elle se rendit compte de la folie de son peuple, Nyméria renonça à suivre Féanor et trouva refuge avec d'autres Noldors éxilés qui ne voulaient plus suivre leur nouveau seigneur. Elle revue Curwë avec qui elle s'était réveillée. Ensemble, ils se mirent à suivre Fingolfin, Finrod et Galadriel jusqu'à Doriath. Puis ils continuèrent à la suivre.
Nyméria participa à presque toutes les guerres, blessée ou non, elle combattait pour elle mais également pour la cause. Elle rencontra bon nombre de ses semblables avec qui elle entretenu de bon liens. Elle vivait paisiblement en dehors des guerres. N'ayant aucun amant, aucun amour. Protégeant la nature pour le Valar qui les avait sauvé de l'Ombre de Melkor, Oromë bien qu'elle n'ai aucun pouvoir tel un Maia. Lors de la chute de Gondolin, elle fit de nouveau allégeance au nouveau seigneur. Eäerendil, seigneur des Hommes et des Elfes. Elle combattue à nouveau pour son nouveau roi. Elle perdit beaucoup de ses amis pendants ces guerres, mais jamais elle ne regretta d'avoir fait face à l'injustice.
Elle tenait son dernier amis dans ses bras à la fin de la bataille contre Morgoth. Nyméria le connaissait depuis leur création. Les larmes aux yeux, elle soutenait sa tête de sa main.
- Nyméria... Prononça t-il en posant sa main sur l'épaule de son amie.
- Ne vous fatiguez pas, je vais quérir un guérisseur. Fit Nyméria.
- Non. Il est trop tard. Bégayai l'Elfe.
Et vous le savez bien.- J'aurais du vous protéger. Avoua Nyméria laissant une larme coulée.
Les larmes coulaient naturellement sur les joues rouges de l'Elfe. Elle avait toujours voyagé avec Curwë. Il était son compagnon de marche, de combat, un homme de confiance... Une lance avait transpercé le corps de Curwë d'un façon violente. Nyméria maudit les créatures de Morgoth. Mais également les Valars d'avoir accepté son pardon alors qu'il avait déjà causé du tort auparavant.
- Nous avons tous un destin. Fit Curwë.
Vous n'auriez pu me protéger et vous le savez bien. Jusqu'ici, nous avons voyager ensemble, il est temps de... Continuer. Je voyagerais toujours à vos côtés...Curwë rendit son dernier souffle, laissant la tristesse envahir la jeune sentinelle. Elle lui ferma les yeux puis murmura :
- Puissiez vous rejoindre Nénar, mon ami... Aujourd'hui, elle vit dans la Lothlorien où elle tient une place de sentinelle aux abords de la forêt. Nyméria se plaît de voyager un peu partout pour rattraper le passé. Redécouvrir la nature. Cependant, elle aide énormément les pauvres qu'elle croise. Elle est un peu le Robin des Bois version fille de la Terre du Milieu. Rares sont les faibles et les non-protégés en terre des elfes, cependant, il y a beaucoup de villages qui ne sont pas protégés par leur cités notamment celles des hommes, et Nyméria compte bien essayer de les aider. Elle essaie de ne pas trop s'éloigner de la Lorien afin de rester fidèle à Galadriel pour qui elle voue un énorme dévouement.