« Bonne route ! » lui souhaita Thelstan tandis que les sabots de Felarod traversaient les eaux glacées du gué d’Isen. Arrivée sur l’autre rive, Déorwyn dirigea ses rennes afin de saluer Thelstan à son tour. « Merci encore ! A bientôt ! » Le cavalier planta ses genoux dans sa monture qui galopa vers le sud dans la lumière déclinante du soleil d’hiver. Déorwyn tenta d’enfoncer un peu plus son menton dans la fourrure de sa cape pour l’abriter du froid, et se pencha en avant pour indiquer à Felarod qu’il était temps de repartir. Ils seraient arrivés dans l’heure…
Déormund ne tolérait que rarement que sa fille ne voyage seule, plus rarement encore en cet hiver particulièrement long et rude. Alors lorsqu’un des clients de son père annonça se rendre aux Montagnes Blanches, Déorwyn lui demanda l’autorisation de faire le voyage avec lui pour se rendre chez Salayn, à quelques heures de la Trouée du Rohan. Celui-ci pourrait la raccompagner sur le chemin du retour, elle n’en doutait pas. Déormund avait confiance en Thelstan, qui accepta volontiers sa mission : un peu de compagnie lui ferait le plus grand bien pour cette longue chevauchée en hiver.
Thelstan et Déorwyn avaient longé la lisière grise et nue de la forêt de Fangorn, montant un camp sommaire à la nuit tombée sur les bords de l’Entwash. Ils dormirent sous la même tente pour conserver le plus de chaleur possible, et Thelstan fut honnête et digne d’un Eorlingas, n’ayant jamais un geste ou un mot déplacé envers la jeune fille du Rohan. Il trouva même interêt à son histoire, curieux de savoir ce qui l’amenait à la frontière du Dunland en ces temps troublés… « Un ami de famille. » avait-elle répondu. « C’est lui qui m’a appris à élever les poulains des chevaux de ma mère. J’ai besoin de lui parler de… ce qu’il s’est passé. » Déorwyn n’avait pas souhaité en parler plus précisément, et Thelstan n’eut pas besoin de le lui demander. Déormund lui avait parlé des attaques de l’hiver, et de la mort de deux de leurs chevaux, dévorés par des créatures affamées. Il partageait sa peine, comme quiconque du Rohan l’aurait fait, et avait insisté pour l’accompagner plus loin encore, jusqu’à la porte même de son ami de famille. Déorwyn l’avait remercié avec chaleur, mais lui indiqua qu’elle préférait traverser les gués d’Isen seule, qu’un peu de chevauchée seule lui permettrait de contenir son chagrin avant d’arriver chez son ami.
Et c’était ainsi que Déorwyn chevauchait dans la neige vers le soleil couchant, la respiration de Felarod créant des nuages d’argent sur le ciel ensanglanté. Déorwyn parvenait en effet à garder ses larmes, mais davantage grâce au froid qu’à sa force de volonté. Alors que le crépuscule virait du rose à un bleu profond, Déorwyn parvint à la cabane de Salayn, ses fenêtres brillant d’une lumière dorée qui lui promettaient chaleur et réconfort. Déorwyn sentit immédiatement une boule brûlante se former dans sa poitrine, comme si les larmes qu’elle retenait avaient fondu comme de la glace au soleil et demandaient maintenant à être libérées. Déorwyn descendit de selle et dirigea Felarod vers les écuries qu’elle connaissait aussi bien que les siennes. Alors qu’elle lui donnait un sceau d’eau et de la paille fraîche, des crissements dans la neige au dehors lui indiqua que Salayn avait du sortir à sa rencontre. Elle ne put cependant s’empêcher de se retourner vivement, la peur au ventre et sa pensée saisissant sa lance accrochée à la selle de Felarod. La dernière fois que quelqu’un s’était faufilé derrière elle alors qu’elle s’occupait dans son écurie, cela ne s’était pas bien fini… C’était, bien sûr, bel et bien, Salayn, et Déorwyn se détendit instantanément, espérant que le vieil éleveur n’aurait rien remarqué. Autant espérer que son père n’oublie un des clous dans un fer…
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Salayn
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Sujet: Re: In the dead of winter Lun 3 Aoû - 14:01
In the dead of winter
Déorwyn & Salayn
Des dizaines et des dizaines de dictons prétendent prédire le temps qu'il fera demain, les os des ancêtres des villages promettent pluies et beau temps sans discontinuer, se contredisant l'un et l'autre comme s'ils jouaient aux osselets. M'attirant des sourires un brin moqueur devant tant de crétinerie née des superstitions humaines, j'entends presque Finduilas rire à mon oreille de ces espoirs inouïs qu'ont les mortels que de pouvoir maîtriser leur univers, leurs craintes de voir leur ciel s'écrouler comme un château de carte, comme leurs vies fragiles.
Alors qu'ils n'avaient qu'à écouter. La nature parlait, bruissait, étendait sa force comme les arbres étendaient leurs branches vers le ciel, épousant les caprices du vent. Les elfes ont depuis longtemps appris à écouter, à regarder et à communier avec ce que bon nombre d'humains ne perçoivent même pas. Les Rohirrims se hissent sur la pointe des pieds pour cajoler leurs montures et comprendre leur langage; un peuple de guerriers, dont le frottement des armes et des lames me donne la chair de poule, mais un peuple honnête et droit, qui ne rechigne pas au labeur ou à la vie entre deux rafales. J'apprécie de vivre et de travailler avec eux, leurs manières semblables aux miennes, même si je demeure à l'écart de leurs fermes et de leur villes.
Ni elfe, ni humain, je suis entre les deux, et ce soir il va neiger. L'ours qui sommeille en moi secouer ses poils, rentrer dans sa tanière et lové dans le fauteuil au coin du feu, se claquemurer jusqu'au réveil du printemps. Je suis toujours léthargique en hiver, et j'ai souvenir de mois passés sans montrer le bout de mon museau à la froidure du dehors, qu'ils aient été sous la terre, en la tanière, ou dans la chaleur d'un lit accueillant. Chaque jour pourtant, je combats cette lassitude, cette frilosité pour me hasarder au dehors, affronter les élément sans sourciller. Nourrir les bêtes, les sortir, les panser, veiller à ce que le monde ne s'arrête pas de tourner pour trois flocons et que nul voyageur ne meurt à quelques mètres de ma demeure, dans la tourmente.
L'hiver bat sa froidure et la chair des voyageurs égarés, au-delà du seuil de ma chaumière, Le feu jette ses lumières joyeuses dans l'âtre, éclairant la pièce principale, baignée de lueurs orangées, sémillantes mais chaleureuse, qui projettent sur les murs les ombres fantasmagoriques d'un été déjà oublié. Les chandeliers et chandelles offrent un délicat relai à sa lumière, les plaids et fourrures réchauffent l'atmosphère - l'écurie collée de l'autre côté de l'un des murs finit de transformer ma chaumière en cocon de chaleur.
Le feu de cheminée est haut, visible par la fenêtre, comme tous les soirs, alors que je me fais phare dans la mer verte des plaines. Etrange comme au milieu de nulle part, alors que ma demeure n'est visible ni du gué de l'Isen ni de la route principale nord-sud, tant de pas grelottants arrivent encore à trouver leur chemin jusqu'à chez moi. Quasiment chaque soir depuis les premières chutes de neige, quelqu'un vient frapper à ma porte; nouvelles et sourires contre chaleur, toit et couverts. J'attisait le feu, accroupi devant l'âtre lorsqu'un bruit de sabot se fait entendre au-dehors ; dans le silence sempiternellement ouaté de la neige, chaque bruit du dehors résonnait depuis loin. Il n'y avait pas un animal aventuré dehors par ce temps et à cette heure, à l'exception faite de ma toujours sauvage Bryndis - pas un oiseau, pas un renard ou grive des champs, seul un cavalier qui menait son cheval à l'écurie.
J'attrape une chandelle pour sortir à mon tour et rejoindre le voyageur à l'écurie - le temps de faire les quelques pas qui m'en séparent, suivant la trace des sabots dans la neige, la froidure a le temps de saisir mes membres, malgré le plaid qui couvre mes épaules.
Felarod, je connais parfaitement bien ces oreilles, ainsi que cette diligence à faire passer la monture avant le cavalier, aussi bien que cette longue chevelure blonde crispée par le gel du soir qui tombe. Je pose soigneusement la chandelle sur un montant de bois, dans une situation stable et sans risque, prêt à aller lui prêter main forte et l'accueillir - ce n'est nulle imprudente aventurière, mais au contraire une amie, une Rohirrim qui promet de devenir une grande cavalière et éleveuse, malgré sa jeunesse, et elle a mon amitié, depuis des années, comme sa mère avant elle.
Rien dans nos relations ne peut cependant lui donner une raison de chercher sa lance de la main, de sursauter dans la paille bruissante ou de river sur moi ce regard effrayé. Comme si elle s'attendait que je l'étripe à mains nues sans plus de cérémonies. Malgré moi, cela me cause un choc qui stoppe mon pas et mon avancée vers elle, ramenant à ma mémoire des souvenirs oubliés. Elle a, compte tenu de mon passif, toutes les raisons d'être effrayée par moi - il n'y a que Bryndis d'assez follement inconsciente pour ne pas avoir peur de ce que je peux faire, du sang que j'ai sur les pattes et sur la conscience. Mais jamais je ne lui ferais de mal, j'ai assez fait pénitence pour ce que j'ai fait, et je suis capable de tenir le monstre à l'écart. Cela fait des siècles que plus personne ne sourcille ainsi, pris au piège comme un animal blessé ou un mortel face à la furie d'un Béornide, devant celui qui n'est plus qu'un paisible éleveur de chevaux et de chèvres. Un reclus trop gentil avec les animaux, les cavaliers errants et les jeunes femmes effrayées. "- Ssh... qu'est-ce qui ne va pas, kiddo ?"
Je tends doucement la main, comme lorsque je récupère un cheval sans cavalier dans la plaine, jusqu'à pouvoir toucher son épaule et la presser doucement. Je me baisse légèrement pour river mon regard au sien - bleu comme le ciel de ces terres, mais les larmes s'y pressent, presque déjà gelées sur ses joues. Mon autre main se pose sur la sienne, l'éloignant de la lance que sa monture porte toujours au flanc, tandis que je fouille ses yeux des miens, avec sollicitude. "- Tu es en sécurité, au chaud. Tu es blessée ? Felarod ?"
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Sujet: Re: In the dead of winter Jeu 22 Oct - 11:32
Déorwyn ∞ Salayn
Déorwyn s’étonnait encore de sa soudaine panique. Cela faisait maintenant plus d’un mois depuis la mort de Goldmane. Plus de quatre semaines à passer son temps dans les écuries, à s’occuper des chevaux restants, à les rassurer… et aujourd’hui, elle avait été prise de panique comme si l’attaque ne datait que d’hier…
“Ssh... What’s wrong, kiddo ?” murmura Salayn en venant poser une main réconfortante sur son épaule. Déorwyn sourit. Tout allait bien. Elle était en sécurité. Chez un ami. Déorwyn souriait, mais elle pouvait sentir ses lèvres trembler. “N-nothing.” “...s’wrong.” avait-elle voulu dire. Mais un nœud s’était formé dans sa gorge, et elle avait dû se taire pour ne pas laisser échapper un sanglot. Que lui arrivait-il ? Elle avait pleuré les premiers jours, avec son père, puis la peine s’était atténuée. Et maintenant ? “ You’re safe, home.” dit Salayn en penchant son visage pour la regarder dans les yeux, son autre main prenant la sienne. Elle était chaude, enveloppant entièrement les doigts glacés de la Rohirrim. « Are you hurt ? Felarod ? » Déorwyn déglutit et fit un effort pour maîtriser sa voix. « No, he’s fine. He, at least, is fine. » ajouta-t-elle, laissant entendre ce pourquoi elle était venue.
Ci-tôt ses mots prononcés, la jeune Rohirrim se retourna vers son cheval. Elle avait besoin d’être proche de lui, autant que de fuir le regard de Salayn lorsqu’il comprendrait. Malgré ses doigts engourdis, elle entreprit de lui ôter son harnais, puis sa selle. Au fur et à mesure que les boucles se détachaient, que les sangles de cuir se desserraient et que peu à peu Déorwyn accomplissait sa tâche, rendant Felarod semblable à ces chevaux sauvages, la jeune Eorlingas réalisa ce pourquoi elle était réellement venue. Son ventre se serrait à cette idée, mais c’était la seule chose qu’il y avait à faire, pour le bien de ses chevaux. Déorwyn prit une profonde inspiration, ravalant ses larmes, et se retourna vers Salayn. “Can we talk about it inside ? I wouldn’t mind something warm.” ajouta-t-elle avec un faible sourire pour tenter de rassurer Salayn.
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Hors RP:
Toute mes excuses pour ce mini-post... Après un mois sans RP c'est dur de s'y remettre, mais ça va me revenir. J'ai juste préféré ne pas me forcer et faire quelque chose de pas trop dégueulasse à lire, court mais qui avance un peu... Ah, et je suis passé à l'anglais pour plus qu'on se fasse mal à la traduction. Hésite-pas à m'en parler si tu veux que j'édite, ou que je rallonge, si c'est trop court pour que tu puisse y répondre, je me ferai un peu violence.
Salayn
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Sujet: Re: In the dead of winter Jeu 29 Oct - 20:49
In the dead of winter
Déorwyn & Salayn
And if I only could Make a deal with God And get him to swap our places
Voir quelqu'un sursauter et trembler devant moi était un amer retour en arrière - dans les temps de ma jeunesse où voir quelqu'un sursauter et imposer le respect - la terreur - me faisait me sentir puissant. Béornide. Membre d'un clan de tueurs et de rois pour ainsi dire. Aujourd'hui encore, il m'arrivait de gronder, d'imposer silence et respect d'un regard mais toujours en douceur, toujours de manière rare - économie de la terreur, pourrait-on dire. Comment avais-je pu un jour ne pas avoir le coeur brisé de voir ainsi une enfant trembler, craindre mon regard.
Mais ce n'était pas moi qui la mettait dans cet état - juste moi qui l'observait tenter de vaillamment faire face. “N-nothing.” Yeah, you bet. La petite semblait prête à s'effondrer en larmes, et cela me broyait le coeur. Oh, elle était brave, et intelligente avec ça : je la connaissais depuis longtemps, et j'avais connu sa mère avant elle, je savais bien quel sang coulait dans ses veines. Elle était fière et sauvage, bien que peu farouche et trop aventureuse. - elle me faisait penser à ces mers d'or dans lesquels paissent les chevaux des Rohirrim. Capable de vaciller, de courber devant l'adversité, mais toujours les yeux brillants, la tête haute, et les deux pieds bien ancrés dans le sol. En équilibre. Sans doute que si elle avait été élevée ailleurs, autrement, elle aurait pu faire une farouche guerrière, une combattante. Mais ce n'était pas le cas et heureusement - je préférais de loin ce qu'elle devenait. Il y avait assez de guerriers et d'êtres prêts à risquer leurs vies dans le sang, assez de personnes prête à envoyer notre monde par le fond par la violence, nous manquions au contraire de coeurs braves et pur, de joyaux étincelants et joyeux qui donnaient une raison véritable à ce monde d'exister. Small everyday deeds of ordinary folk keep the darkness at bay. De petits actes d'amour et de courage, de tendresse. Voilà en quoi je croyais.
Et elle était brave - ou plutôt essayait d'en avoir l'air.
« No, he’s fine. He, at least, is fine. » ... He ? At least ? Je fronçais les sourcils, expression qu'elle ne vit même pas alors qu'elle se détournait - fuyait. Il y avait plus là dessous qu'elle ne le disait mais je laissais ses paroles mourir dans la douce chaleur des écuries et le réconfortant murmure des chevaux et le bruissement de la paille sèche. Pendant qu'elle débarrassait Felarod de son harnachement comme s'il s'était agit d'une catharsis ou d'un sacerdoce personnel, j'allais cherchais un seau d'eau et du foin. Comme si de rien était, dans un silence - mais la conservant dans mon champ de vision, sentant sa présence troublée à mes côtés, mes sens en éveil pour la garder à l'oeil - ou sous mon aile - ma patte. “Can we talk about it inside ? I wouldn’t mind something warm.” "Sure, you're welcome here. You know that."
God, you're a mess, kid. Voilà ce que je pensais, mais ce que ne dévoilait pas le sourire que je lui lâchai - furtif, mais réconfortant, bien qu'il était visible que je ne mordais pas à l'illusion qu'elle me présentai. Mais je la laissais en paix - J'avais du temps devant moi, et de la patience à revendre. Quelque soit sa raison pour être venue ici, elle me le dirait en temps et en heure, ou repartir en ayant trouver ce qu'elle cherchait à mon insu. En tous cas, je n'allais pas rentrer sans elle, pas la lâcher du regard et je maintins la porte ouverte en attendant qu'elle passai sous mon bras - sortir de l'écurie, puis entrer dans la salle principale de mon humble demeure.
Je laissais ensuite la porte se refermer derrière nous - la paroi de bois se refermant dans un choc sourd, achevant le travail de la neige pour nous séparer du monde et de ses bruits . De ses dangers. Le monde vous rattrape toujours, c'était une évidence que j'essayais de nier avec une obstination toute ursidée... en vain apparemment. Je souris doucement, essayant de croire à son sourire, de ne pas laisser les scénarios fleurir dans mon crâne - des mauvais pressentiments. Finduilas avait l'habitude de dire qu'on ne sait vraiment la valeur d'une lame que lorsqu'elle est passée et repassée par le feu, forgée et reforgée - que les âmes étaient semblables, qu'il leur fallait l'épreuve pour montrer ce dont elles étaient faites. A mes yeux, les lames appartenaient au ratelier, et Déorwyn à la paix et à la joie.
"- Take a plaid from the sofa." l'invitai-je avec un signe de tête une fois à l'intérieur - les couvertures de laine douce attendaient gentiment les invités - ou Bryndis rentrant trempée de neige et les joues rouges d'excitation. Je rajoutais quelques bûches dans le feu de la cheminée tandis que réchauffait le thé sur le feu. J'y ajoutais une goutte de gnôle - par les Valars, comme elle semblait en avoir drastiquement besoin avant de poser la tasse fumante sur la table de bois, bientôt suivie de pain, de fromage .et d'une coupelle de fruits d'hivers. Je préparai la table dans un mutisme studieux, comme si de rien n'était, même si je lâchai à un moment : "I'm listening.""
Et j'écoutais. Ou plus exactement je guettai chaque détail que je pouvais grappiller de ce qu'elle m'offrait. La vérité était là sous mes yeux : le grand méchant monde avait fait irruption dans son univers, la bouleversant. Je n'avais pourtant pas de nouvelles de guerres ou de désastres, pas récemment. Pas plus que d'habitude. Son père était renommé pour ses chevaux et son art au Rohan, s'il avait péri ou connu un grand dommage, je l'aurais su avant sa venue, j'en étais presque sûr. Alors quoi ? Je posai mes mains bien à plat sur le bois de la table, pour l'observer, à quelque distance.
"-And don't try to bullshit me with you "I'm fine", love. You're not and that's why you're here." J'haussai un sourcil et interrogeai d'une voix douce avant de me redresser, haussant les épaules : " What's on your mind ? You don't want to tell, it's fine. But we can work it out, together. Anyhow, you're welcome here, even if you need some time out, or with Felarod."
Je n'exige rien en retour, même pas la vérité ou ce que tu as sur le coeur - les politiques de mon accueil étaient toujours les mêmes et jamais je ne ferais d'exception ou poserai de conditions. Même si j'attendais patiemment que la petite coquille de chagrin de Déorwyn se fissure et la libère. Le printemps était encore loin, et les flammes hautes.
HRP:
Hmmm je suis pas sûre d'avoir fait avancer le schmliblick, hésite pas à me dire de modifier si besoin était ( erreurs d'anglais possiblement incluses, j'ai pas voulu me stresser sur ça vu que c'était pour nous simplifier la vie )
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Sujet: Re: In the dead of winter Jeu 25 Fév - 18:31
<
Salayn ∞ Déorwyn
In dark hours, so cruel, when you feel black-hearted, remember the words I once have said. If you trust in yourself, you will live light-hearted. Destiny's calling, be there to change your fate.
En demandant à aller à l’intérieur, Déorwyn s’était donnée du temps. Du temps pour s’assurer que cette décision qu’elle avait prise était la bonne, que c’était bien ce qu’elle voulait, et du temps pour réfléchir à comment jamais le faire comprendre à Salayn. Car il ne le comprendrait pas. Déorwyn pouvait déjà l’entendre la contredire, la convaincre du contraire. Mais elle le sentait en son cœur, même si cela la déchirait, elle ne pouvait garder ses chevaux si elle les voulait en sécurité. Elle n’était pas de taille. Elle ne faisait pas le poids.
Tandis que Salayn la laissait entrer la première, il lui décocha un sourire furtif, qu’elle ne parvint pas à lui rendre. Son regard était reconnaissant du réconfort, mais son menton restait plissé par les sanglots retenus, souvenir enfantin qui marquait encore son visage de plus en plus adulte.
La demeure de Salayn était un véritable havre de paix, un foyer à proprement parler. A son invitation, Déorwyn s’installa sur un banc couvert de coussins moelleux et s’enveloppa dans une de ses couvertures de laines (pas de fourrure chez Salayn, ce qui témoignait de son amour des bêtes). Pour la première fois, la chaleur du feu et la douceur de la laine ne parvinrent pas à détendre la jeune Eorlingas. Ses pensées étaient figées sur ses chevaux qu’elle était destinée à perdre : soit un à un, année après année, par le froid et les prédateurs, soit de son plein gré, en les remettant à quelqu’un réellement capable de s’en occuper, de les protéger… A quel point sa mère devait être décue…
Non. Où que soit sa mère, Déorwyn se dit qu’elle devait être fière de voir sa fille faire le bon choix, d’oublier son bonheur personnel pour le bien-être de ses chevaux… « I’m listening. » La voix grave de Salayn sortit la jeune Eorlingas de ses pensées. Déorwyn eut la sensation d’être tombée de sa selle, cette impression de chute suivie du brusque choc, le retour à la réalité, face à ses responsabilités. Here we are, at last.
Sur la table, Salayn lui avait réservé l’accueil habituel, toujours si réconfortant après une journée de chevauchée. Déorwyn se surprit à ne pas avoir l’envie d’en avaler la moindre bouchée, si ce n’était l’eau chaude… Elle savait pourtant que se rendre malade n’aiderait en rien, et se dit qu’elle se sentirait sans doute plus apte à convaincre Salayn de prendre ses chevaux avec quelques chose danse le ventre. Déorwyn tendit la main vers le plat de fruits secs quand Salayn s’impatienta…
"And don't try to bullshit me with your "I'm fine", love. You're not and that's why you're here."puis, d’une voix plus douce… “What's on your mind ? You don't want to tell, it's fine. But we can work it out, together. Anyhow, you're welcome here, even if you need some time out, or with Felarod.”
Felarod… Comment pourrait-elle jamais lui faire face, sachant qu’elle ne pourrait pas le garder?... Ou le pouvait-elle ? Le garder simplement lui ? Il se sentirait si seul… Et que ferait-elle le jour où lui aussi se ferait manger ?... It was more than she could take.
Lentement, à la manière des enfants, une note aigue monta de sa gorge alors que son visage se contractait en un rictus de douleur, qu’elle cacha derrière ses mains, secouée de profond sanglots. Elle tentait de reprendre sa respiration, mais chaque fois que sa gorge émettait un son, ce n’était qu’un sanglot de plus, qui commençait à s’approcher du cri de désespoir…
« I… I… I cant’, Salayn… I just can’t… »parvint-elle à articuler au milieu de ses pleurs, sans jamais parvenir à les diminuer ni à relever la tête de ses mains. Ses longs cheveux blonds passaient à travers ses doigts, dansant comme les blés au vent tandis qu’elle secouait la tête. « I… don’t know how… I don’t know how to keep them safe, I just can’t ! » Ses mots étaient noyés par ses larmes et son nez bouché, mais la force de ses sanglots était telle qu’il n’y avait pas place à l’erreur. « I can’t defend’em. I cant’ protect’em. I can’t keep’em safe… I can’t… » Lentement, comme à bout de force, ou de souffle, ses sanglots s’apaisèrent, devinrent plus espacés, plus doux, ne laissant plus place qu’à des soupirs résignés.
Enfin, Déorwyn put faire face à Salayn, le regardant dans les yeux, ses iris bleues ressortant dans son regard rougit par les larmes.
« They’re dead, Sal’… Steadyfoot and Goldmane are dead.. »
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Sujet: Re: In the dead of winter Mer 2 Mar - 12:24
In the dead of winter
Déorwyn & Salayn
And if I only could Make a deal with God And get him to swap our places
J'attendais, dans l'expectative inquiète qu'elle prenne la parole, suspendu à ses lèvres. Au fils des années, des décennies et des siècles, mon âme s'était apaisé, mes grandes colères s'étaient refoulées, et les émotions violentes qui me tourmentaient tant à une époque s'étaient taries. Pourtant, parfois, je m'attendrissais, je prenais mes visiteurs en affection et à force de les voir grandir, souffrir et s'épanouir, je les aimais. Et je souffrais pour eux , plus que pour moi, la compassion m'emportant sur des rivages oubliés – volontairement. J'étais incapable de vivre en ermite, de tourner le dos à mes semblables, bien que mon tempérament bourru jurait qu'ils étaient une plaie – difficile à croire en voyant le regard que je posais actuellement sur Déorwyn.
Ils se croyaient toujours « grands ». En plusieurs millénaires de vie, l'une de rares choses que j'avais appris et compris était que l'on n'était jamais prêt pour ce que la vie pouvait nous jeter à la figure. Jamais, pas alors que les Valars rivalisaient toujours de surprises et d'amour pour faire tourner la tête des mortels, en leur offrant des grandes joies et des peines infinies. Finduilas avait été un douloureux rappel, une douloureuse révélation que j'étais encore fait de chair et de cœur – que je pouvais pleurer. Bryndis avait cette flamme, cette innocence. Convaincue qu'elle pouvait conquérir le monde si elle essayait assez fort. Parce qu'elle ne s'était jamais retrouvée dans une solution où elle n'avait que ses larmes pour pleurer, parce qu'elle n'avait pas encore réalisé que son père n'était pas invincible – ou immortel – parce que... c'était ma faute. Et cela ferait d'autant plus mal lorsqu'elle le réaliserait, comme Déorwyn le réalisait. Elles étaient fortes et formidables, et ne méritait pas ça. Mais qui méritait de grandir ? Sans doute, étais-je moi-même aujourd'hui immunisé à cette douleur après avoir été trop réduit en cendres et malmenés, les âges et les histoires ayant usé le chêne dont j'étais taillé jusqu'à n'en plus laissé qu'un bâton fin et noueux, inflexible, solide, mais qui n'était qu'un noyau, sans rien autour. Plus rien à faire souffrir, plus rien à attendre. Ou du moins c'était ce dont je voulais me convaincre.
J'avais bien vu l'émotion qu'avait suscité mes questions, mais je ne les reprendrais pas, plein de sévérité tendre. Le temps, je le lui laisserais, mais on ne pouvait jamais tout à fait se cacher du monde. Malheureusement. Quelque chose se noua dans mon estomac, étreignant mon cœur à l'en faire saigner. J'aurais tellement aimer faire plus. Des couvertures de laine, une couche près du feu, un repas chaud, quelques paroles échangées, des nouvelles, un contact humain qui refusait de juger et de se battre – c'était ce que la plupart des aventuriers, voyageurs et âmes en peine qui passaient mon seuil recherchaient. Et à ceux là, j'étais capable de le leur offrir, mais … la vie n'était pas aussi simple et à chaque fois qu'on refusait la nourriture offerte, je serrai les mâchoires et implorait les Valars. Que pouvais-je faire de plus ?
Le silence perdura, un instant, entre nous, tandis que je cherchais à percer son regard le plus doucement possible. Jusqu'à ce qu'il brisé par un sanglot, suivis par d'autres qui cascadaient et se bousculaient dans la gorge de la jeune fille comme les larmes sur ses joues. Oh. « - Hey... »
Yvanna toute puissante... J'étais surpris, oui, n'ayant pas l'habitude d'une telle avalanche d'émotions qui me prenaient aux tripes, alors que je l'observais perdre ses moyens. Rappelant à quel point elle était jeune, même pour une humaine, plus encore face à moi. Une enfant, une enfant désespérée et au cœur brisé. Une masse de sanglots et de cheveux blonds me faisaient face, ou plutôt s'effondraient devant moi. Déorwyn pleurait, comme une enfant, sans parvenir à respirer ou à articuler, bien que ses paroles résonnent clairement à mes oreilles de vieil ours. « I… I… I cant’, Salayn… I just can’t… I… don’t know how… I don’t know how to keep them safe, I just can’t ! I can’t defend’em. I cant’ protect’em. I can’t keep’em safe… I can’t… » Je grimaçai, bien qu'elle ne puisse me voir et retiens un soupire à la fois las et protecteur. Poor thing. Je m'assis lourdement à côté d'elle, et me penchai près d'elle, bien que son minois rougis de larmes ne me sois pas visible : «- Come on, don't say things like that, it's okay, that's okay...sssh.. » répétais-je en boucle d'une voix douce, une main posée sur son épaule, sans chercher à plus interrompre son flot de larmes et de paroles, de honte et de désarroi. Il n'y avait sans doute rien à dire, rien pour la convaincre – c'était un cri du cœur , débordant de détresse, comme on appelle machinalement sa mère à l'aide malgré qu'on sache qu'elle est morte depuis longtemps. Il fallait que ça passe et j'attendais en murmurant des paroles d'un ton réconfortant, dont le sens nous échappait à tout deux. Ce n'était pas l'important.
« They’re dead, Sal’… Steadyfoot and Goldmane are dead.. » Understanding dawned on me. On arrivait au cœur du problème, ce qui la troublait tant. Le soulagement suivit la compréhension, et je relâchai une respiration que je n'avais pas eu conscience de tenir. Connaissant la jeune femme, arguer que ce n'était qu'eux qui étaient blessés susciterait sa colère, et je n'étais pas de ceux qui méprisaient la vie animale, au contraire – j'aurais été fort mal placé, vu ce que j'étais. Mais porter le deuil d'un cheval était pour les hommes bien moindre que porter le deuil d'un père, par exemple. J'hochais lentement la tête, les sourcils froncés et un soupire au bord des lèvres. « - You've been attacked? » Les attaques progressaient dans nos terres – si par un étrange instinct de survie, brigands et orcs évitaient soigneusement ma ferme, plus le temps passait, plus Bryndis tombait sur des corps, plus des voyageurs ensanglantées battaient en retraite sur notre seuil. L'insécurité, le danger augmentait et une menace longtemps oubliait rampait en Terre du Milieu. Même si j'essayais de l'oublier et de me persuader que la vie que j'avais bâti ici était un paradis. Premier rappel que la mort de ses chevaux que j'avais vu grandir, que j'avais vu être dressé par la petite tête blonde elle-même montée en graine et en audace ; y en aurait-il d'autres ? La mort était déjà arrivée dans le foyer de la petite, lui prenant sa mère – ce n'était pas première rencontre avec la fragilité de l'existence, mais pourtant, cela la frappait comme si. Et cela me faisait mal. « - I'm so sorry. I am. » lui assurai-je doucement, sincèrement. Mais avec lenteur, lui laissant le temps de se remettre, de respirer et de sécher ses larmes. Je repris avec un temps et une pression sur son épaule. « - But hey, look at me. I know you, kiddo. I know you and how much you love them – I'd trust you with mine so don't tell me you didn't do everything you can't to protect them. Wouldn't believe you . »
Je grimaçai et détournai les yeux vers le feu joyeux de la cheminée, essayant de me remémorer ce qu'était la paix et la sérénité, la chaleur dans les os et le ventre, plutôt que les cendres en bouche, et alors qu'une vieille hargne teigneuse se réchauffait dans mes veines et que je luttai pour ne pas serrer les poings, pour laisser mes vieilles mains meurtries par trop de guerres là où elles étaient. J'esquissais un sourire triste et continuait doucement :
« - You can't defend everything against everything. Nobody can. » Hell. Ni Beorn, ni moi ne le pouvions, alors que nous n'étions rien si ce n'était que des forces de la nature. « You're under shock. But you keep going. Because I'm not gonna tell you that they're better without you or that your mother isn't pride of you. This is not going to happen here lov'. I'm just glad you're safe.»