Le Carrock avait besoin d'être sécurisé et c'est exactement la tâche que je m'évertuais à accomplir en compagnie de mon fils. Smaug n'est pas la seule menace dont je devais me soucier et même si la compagnie que j'accueillis d'ailleurs très chaleureusement savait qu'ils bénéficieraient à nouveau de mon aide s'ils me sollicitaient à nouveau, cette quête n'était pas la mienne...  

Je dirais plutôt que ce sont ces saletés d'araignées géantes qui ont fait les frais de ma colère. Elles ont tenté d'envahir mon territoire, mais manque de bol pour elles, je me trouvais sur leur chemin. Quant aux orcs, je n'aurais de cesse de massacrer ces créatures infâmes à chaque fois qu'elles auront le malheur de croiser ma route.

Si le nécromancien me dit quelque chose? Il faudrait vraiment vivre dans le fin fond d'un trou perdu à l'écart de toute activité extérieure pour ne pas avoir entendu parler de lui... Ce qui est un peu mon cas, je l'avoue. Mais malgré le fait que j'apprécie les joies de la sédentarité, j'ai eu l'occasion de m'informer au sujet de ce personnage et je dois dire que j'en sais maintenant pas mal sur lui. Alors certes, maintenant il ne me reste plus qu'à démêler le vrai du faux, mais c'est un sujet que je surveillerais avec attention, c'es certain.

Les origines de la naissance du personnage mythique et légendaire qu'était Beorn étaient inconnues. A l'heure actuelle, on ne sait d'ailleurs toujours pas quel âge il a ni quelle est sa date de naissance réelle, en fait on ne sait de lui que ce qu'il a accepté de nous révéler. C'est à dire pratiquement rien. Mais ce qui est sûr c'est qu'aussi loin que nous puissions remonter, Beorn avait toujours possédé ce dur caractère d'ermite solitaire avec lequel il était très difficile d'avoir une relation. Et pourtant, il avait un fils. Alors la question qu'on était en droit de se poser après avoir eu la (mal)chance de croiser ce grand homme que la plupart qualifierait d'étrange et d'asocial c'était: Comment s'était-il débrouillé pour plaire à une femme au point de lui faire un enfant? Après tout, il était tout à fait le genre de gars qui ne passait pas une seule seconde devant le miroir en se préoccupant de son apparence et le romantisme et lui, comme vous devez certainement vous en douter, ça faisait quatre-cent-mille.
Et pourtant, il y eut une femme sur cette terre qui se laissa séduire par ce grand ours mal léché qu'il était. Beorn restait néanmoins très discret sur le sujet, à chaque fois que quelqu'un osait lui poser une question sur sa femme, il s'arrangeait toujours pour esquiver plus ou moins habilement l'interrogation. Qui étais-ce, où s'étaient-ils rencontrés et dans quelles circonstances s'étaient-ils mis ensemble? Tant de questions qui resteraient sans doute à jamais sans réponse. Néanmoins, pour les rares personnes le connaissant suffisamment pour être capable d'interpréter ses différentes réactions, il n'est pas difficile de percevoir toute l'émotion qui transpirait de lui lorsqu'on abordait le sujet. D'ailleurs, c'était sans doute l'un des seuls moments où il semblait réellement déstabilisé...

Mais aussi dur et solitaire qu'il soit, Beorn était tout de même capable de se montrer assez tendre. Certes, cela pouvait paraitre assez étonnant j'en conviens, mais cette affirmation se vérifiait lorsqu'on le voyait en compagnie de sa progéniture, Grim. Cet enfant était le fruit de l'amour qu'il y avait entre lui et sa femme et aussi le seul souvenir qu'il avait de sa défunte épouse. En outre, les circonstances de la mort de cette dernière demeuraient un mystère complet, même pour son propre fils. Quoi qu'il en soit, le grand ours solitaire qu'était Beorn se découvrit une nouvelle vocation dans l'éducation de son fils et s'évertua à faire de lui un être fort et indépendant capable de le remplacer un jour lorsque son heure viendrait. Alors bien sûr il était loin d'être parfait, il arrivait même souvent qu'il se montre maladroit et qu'il ne sache pas comment réagir aux différentes réactions de son fils qui, même s'il possédait quelques traits de caractère propre à son paternel, restait quand même quelqu'un de relativement différent de lui. Quand Beorn posait les yeux sur Grim, il ne parvenait pas à voir autre chose qu'un jeune garçon fragile ( pour lui, bien évidemment ) qui avait besoin d'être protégé. C'est pour cette raison que même après l'avoir élevé pour faire de lui un véritable guerrier capable de broyer ses ennemis à la seule force de ses bras, il éprouva tout de même quelques difficultés à lui laisser la liberté qu'il réclamait et dont il avait besoin. Mais il n'en montra évidemment rien, vous commencez à le connaitre le Beorn...

Enfin, les années passèrent et après avoir reçu la visite d'une charmante compagnie composée de nains - race que Beorn n'appréciait pas particulièrement d'habitude - et d'un curieux petit hobbit qui s'était d'ailleurs intéressé à ses ruches, vint la bataille des cinq armées. Une guerre dans laquelle il s'est illustré, son intervention fut salvatrice pour certains tandis que les gobelins firent les frais de sa fureur. Sa violence et sa science du combat permirent la défaite des orcs et même si les écrits n'en feraient certainement jamais mention, la participation de son fils fut également assez remarquable, mais pas encore suffisamment impressionnante pour être comparée à la prestation de son géniteur.
Depuis ces évènements, Beorn reprit ses activités, reclus à l'écart de tout contact extérieur. Mais très récemment, il semble s'absenter un petit peu plus souvent. Essayerait-il de se sociabiliser? ... Qui sait ce qu'il avait en tête.