Il s'avère que je devais être attelé sur une commande de quelques personnes bien fortunés qui avait demandé une demie-douzaine d'arme d'excellente factures. J'ai donc été épaulé mon père et ma mère à assurer la délivrance de cette commande en tant et en heure. Lorsqu'il m'a été donné de connaitre la nature de ces évenements, la commande était achevée depuis quelques jours, et ça ne fut qu'une autre simple histoire que les voyageurs nous contaient.

Je ne faisais rien de très joyeux, malheureusement. Je me trouvais au sein d'un refuge, coincé dans une carrière de pierre dans les Montagnes Bleues. Mes soeurs et moi, ainsi que nos parents, étions partis en quête de suffisemment de matériaux pour rénover notre propre chaumière. Malheureusement, nous avons été pris en chasse par plusieurs bandits. Ces scélérats ont tué, sans pitié, mes deux soeurs, et se sont lachement enfuis. Nous ne les avons jamais retrouvé, mais si jamais je leur met la main dessus... Ils payeront leurs méfaits. Durant les jours qui suivirent, nous avons fait notre deuil.

Rien de très concluant, je le crains. Ce que j'en sais, c'est à dire, fort guère, je le sais par l'intermédiaire de gens du voyages, et par mes propres déplacements. Or il s'avère que la réalité peut se montrer très déformée, lorsqu'elle passe de personne en personne. Aussi n'accordais-je que peu de crédits à telles commères. Aussi je prendrais ces évenements pour ce qu'ils sont lorsque je les entendrais de la bouche d'un homme de confiance.

Retourver les meurtriers de mes soeurs, et les confondre devant la justice qui prévaudra face à eux, qu'elle soit mienne ou celle d'autrui. Paufiner mon apprentissage des arts de la forge aux côtés de mes parents et prospérer avec eux me semble aussi une idée fort convenante. Et enfin, trouver une femme qui soit capable d'aimer un humble forgeron, aussi laid soit-il, aussi étrange soit-il, bien qu'il parle étrangement.

Elle doit faire un minimum de 30 lignes


Le feu crépitait, projetant ses braises autour de lui, faisant tournoyer des minuscules paillettes d'or qui s'élevaient dans le ciel étoilé. Arn, assis à côté du feu, une chope à la main, était profondement perdu dans ses pensées, jusqu'à ce qu'un bruit le tire de sa réverie. " Il est extremement impoli de ne pas s'annoncer lorsqu'on pénetre sur la propriété d'autrui, mademoiselle. Et il est encore plus hasardeux de s'y aventurer si la personne est déjà sur ses gardes. Sortez de l'ombre, et laissez moi vous conter une histoire." Une jeune femme, sans doute à peine sortie de l'adolescence, s'approcha et s'assit aux côtés d'Arn. Il lui suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle était muette. Muette mais pas sourde. Il lui tendit une choppe d'eau, avant de s'éclaircir la gorge.

"Dans des temps reculés, mais cependant non lointain, naquit un jeune nain, robuste et en bonne santé, dans une famille aimante et heureuse. Fallait-il quelque chose de plus? Non, mais une vingtaine d'année plus tard, alors que le jeune homme apprenait aux côtés de son père et de certains amis ( plus ou moins fréquentables), afin de devenir plus érudit, pour s'accorder une langue aussi aiguisée que douce, que deux petites naines vinrent le rejoindre dans cette famille. Contrairement à lui, elles n'étaient pas fortes, ni solides, et ils craignirent qu'elles ne passent pas la nuit. Mais le jour suivant, elles se rétablirent si vite qu'on ne sut jamais vraiment pourquoi. Durant sa jeunesse, il connut un homme, différent des autres. Il semblait aimer la douleur des autres, se repaitre de la souffrance. Il semblait émaner de lui une aura de violence. Cet homme tenta de corrompre l'esprit du jeune nain. Durant une très courte période - le nain était naif et fragile à l'époque - ce dernier fut violent, agressif et colérique. Ce n'est que lorsque son père s'en méla que tout s'arréta. Par quel tour que ce soit, son père réussit à faire fuir l'homme, qui ne revint jamais voir le nain, hormis pour le hanter dans ses cauchemars.

Dans un environnement aussi sain que festif, joyeux et chaleureux, la fratrie grandit, se développa. Leurs parents, forgerons de leur étât, ne purent leur payer de grands précepteurs, mais suffisemment pour qu'ils soient prêts à affronter un monde déroutant et complexe. Le grand frère et les soeurs étaient très soudés, et ils crurent longtemps qu'ils vivraient ensemble jusqu'à la fin, qu'ils élèveraient leur enfants ensemble, au sein d'une famille soudée, qui les soutenaient souvent. Le grand frère comme les soeurs étaient des personnes souriantes, prêtes à faire les quatres cents coups, comme des hobbits au sommet de leur forme. Malgré son aspiration au calme et à la tranquilité, le frère tint à s'entrainer à l'utilisation d'armes comme la hache ou l'épée, armes forgées par ses soins, qui plus est. S'il ne devint pas un expert, il se découvrit une affinité avec ces dernières, bien qu'il n'en parade pas non plus. Il n'étudia pas non plus énormément et pourtant, il use de mots que les gens ne placeraient pas dans certaines phrases, voire n'utiliserais jamais.

Le nain connut ses premières déboires, ses premières enguelades et ses premières rixes très tôt. Initié par des nains plus ou moins fréquentables, les mêmes que tout à l'heure, au plaisir de l'alcool, il ne connut pas réellement le plaisir des femmes, dont il garda longtemps une image inspiré de ses soeurs et de sa mère. Quand à son père, il était l'image d'un modèle à suivre, un modèle de droiture, bien qu'il en apprenne toujours un peu plus sur sa famille. Mais au cours d'une querelle dans une taverne, il fut blessé au torse par un combattant trop éméché pour concevoir la différence entre sa réalité et la leur. La lame pénétra dans les chairs du nain, laissant une marque, comme au fer rouge, près de son coeur, pour lui rappeler que le danger était toujours présent. Malheureusement, dans notre monde, très peu de gens ont le droit à un conte heureux. Et ainsi, alors qu'ils souhaitaient tous trois assister leurs parents dans une collecte simple de ressources, leur histoire vira au tourment.

Plusieurs bandits agressèrent la famille, mais seuls les deux soeurs périrent durant l'incident. Le grand frère en fut très troublé, et n'en dormit plus sans cauchemar durant des années. Désormais, il souhaite que plus personne n'ait à survivre à telle douleur, et s'est engagé à aider les nécessiteux qu'il croiserait. Le jeune forgeron s'engagea alors dans une série de pélerinage autour de la terre pour permettre de cultiver sa compréhension du monde. Il enfouit son deuil et sa peine dans une étude accrue des langues, ainsi que dans la forge, où il passait une grande partie de son temps. Ses parents, du fait de leur âge avançant et approchant de 240 ans, se sont retirés du commerce au sein de la forge, léguant leur bien et leur héritage à celui qui était désormais leur dernier héritier. Voilà l'histoire de ce nain. Elle n'est pas fini, elle vient juste de commencer. Ses mains devinrent calleuses, par le maniement de la hache et par celui du marteau frappant le fer encore chaud. Mais, pour ce qui le méritent, elles peuvent être une source de réconfort et de protection. Son esprit se raffermit, alors que celui de ses parents devenaient de moins en moins aiguisées.

Lors de ses voyages, il rencontra différentes personnes, aussi bariolées les unes que les autres. Jamais il ne retomba sur l'homme qu'il avait vu durant son enfance, ou les bandits qui tuèrent ses soeurs. Mais il sait que ce moment viendra un jour ou l'autre. Mais il n'a pas croisé que des êtres vils et abjects. Il a aussi croisé des gens de toutes races, de tous bords confondus. Qu'ils soient fréquentables ou pas, ce furent des gens de bien. Ils repassèrent tous un jour par la forge du nain, et son amitié jamais ne faiblit pour eux. "

Arn respira un grand coup, et humidifia ses lèvres à l'aide de la chope. La jeune femme à ses côtés, traça des signes dans la terre façe à eux. " C'est une histoire digne d'être contée dans les livres. Serait-ce la vôtre?" Arn la regarda d'un air mystérieux, avant de sourire.