J’errais. Du Sud vers le Nord, de l’Est vers l’Ouest, et vice versa. Peu importe, après tout, ce que je faisais, puisque je n’avais pas réellement d’autres buts que mes instincts primaires ; survivre, manger, dormir, boire… Pas me reproduire, néanmoins. J’ai vu la créature du feu voler, au loin, mais je n’ai pas tenté de m’en approcher. « Survivre », vous comprenez… Non, je ne veux pas d’os, merci.

Je… Je faisais à peu près la même chose. Oui, ma vie est trépidante. Mais vous savez, je me suis battu contre de grosses araignées. J’ai même tué un ou deux Orcs. J’ai croisé des Trolls transformé en pierre – et j’ai bien ri, les Trolls me paraissaient si bêtes. Pourquoi rester planter au soleil alors que ?... Enfin bref. Je m’approchais de la Comté, à vrai dire. Par amusement et curiosité. Mais… Mais cesser d’agiter cet os devant moi, c’est dégradant !

Hm, je sais – il me semble – que mes compatriotes sont à leur service. Du moins certain. Je ne me laisserais pas prendre ma liberté pour me faire maltraiter – ou traiter comme du bétail. Le bétail, je le mange, je ne peux pas devenir bétail, ce serait inadmissible. Et je ne suis pas un chien non plus !!

Je… Cette question me prend au dépourvu. Ma situation actuelle me convient plutôt bien, et cette rencontre agréable… Je veux dire, c’est agréable à présent. Enfin, je ne sais pas, voilà ! Je planifie à peine mes repas, alors mon futur, les prochaines années !... Peut-être que j’aimerai être père ? Ou me battre. J’ai toujours aimé me battre. Oui, c’est cel-… Attendez, je crois que j’ai compris POURQUOI vous me harceliez avec cet os. Vous ne comprenez pas un traitre mot de ce que je raconte… J’aimerai vous croquer, là, tout de suite. Mais je vais me retenir, pour la petite dame, vous comprenez… Non, évidemment.

L’hiver s’installe doucement dans la nuit, la neige est reine, à son tour… ♫

Il tombait de gros flocon la nuit où Björnulf est né. Un bon gros bébé Warg, mais dont on ne pouvait savoir s’il passerait la nuit. Il était gros, oui, mais pas forcément imposant comme d’autre purent l’être. Lové tout contre le ventre chaud de sa mère, le loup géant a résisté, et a survécu. Très rapidement, le loupiot s’est néanmoins vu être légèrement plus petit que ses congénères. Cela ne se voyait pas d’un œil de bipède, mais cela se ressentait au sein de la Meute. Il était plus rapide que fort contre les autres Wargs, mais faisait un excellent chasseur.
Tout semblait aller pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Un jour, peut-être, serait-il la fière monture d’un cavalier Orc. Ses camarades ne rêvait que de ça ; et son rêve se brisa une après-midi de printemps. Une histoire compliquée, la « Saison des Amours ». Il faut croire qu’il plaisait à une femelle mais, lui, était trop préoccuper pour le voir. Aussi, lorsque le Warg dont il était le potentiel rival vint pour le battre en duel, Björ’ ne compris pas tout. Evidemment, il fallait qu’il tombe sur l’un des plus gros Wargs de leur meute… Il savait le combat perdu d’avance, et préféra fuir, jetant l’opprobre sur lui, perdant toute sa dignité aux yeux des autres ; ne pas se battre pour une femelle ? Quelle honte. Fuir ? Pire encore.

… Un royaume de solitude m’a placé là, pour toujours… ♫

Ainsi commencèrent les années d’errance de notre pauvre Warg. Ce qui se passait dans le monde, passait loin au-dessus de ses oreilles. Ses pattes épaisses foulaient le sol, qu’il soit sec ou humide, enneiger ou herbeux, marécageux ou rocailleux. Il avançait, visitait la Terre du Milieu, en long, en large, en travers. Il entendait, parfois, des rumeurs. Aperçu Smaug. Avançait toujours, et survivait encore.

Généralement, on s’enfuyait à son approche. Où il fuyait lorsqu’on l’approchait ; armée de lances et d’épées, cela ne lui disait rien qui vaille. Il a appris à se méfier de tous ; des Wargs, des bipèdes, de la moindre plante après qu’il en ai avalé l’une l’ayant rendu malade plusieurs jours. Il a croisé des araignées – des araignées géantes ! Et il les a tué, évidemment ; il ne tenait pas terminer empêtré dans leur toile à attendre que leurs mandibules ne l’achèvent. Björnulf regrettait parfois sa solitude, mais s’en accoutumé généralement.

Arrivé aux alentours de la Comté, il eut le plaisir de rencontrer des Loups d’une taille respectable – mais toujours nettement plus petit que lui. Et, au moins, ce n’étaient pas des chiens. L’endroit était plaisant, et il faisait bon vivre à côté de ces rivières chatoyantes et de cette herbe fraîche… Mais il ne se doutait pas que ce bel endroit serait aussi le lieu d’un renouveau pour le Warg ; qu’il allait y faire la rencontre d’une petite voleuse, tombée un jour nez à nez face à son gros museau et sa large gueule, et qu’au lieu de croquer cette Elorin… Il allait l’adopter. A moins que ça ne soit le contraire ?

Le vent qui hurle en moi ne pense plus à demain… ♫