Acte I – La naissance

Palandril et Elinwaë, elfes de Mirkwood, mes géniteurs, avaient enfin décidé de s’accoupler afin de créer la vie. Ils espéraient secrètement que l’enfant qui viendrait à naître serait une grâce et une ode aux étoiles. Alors ils conçurent cette enfant au crépuscule, scellant à jamais l’amour qu’ils se portaient l’un à l’autre et la dévotion qu’ils éprouvaient pour la nuit et ses étoiles.   Palandril était un maitre forgeron, les lames qu’il créait, étaient toujours d’une perfection poussé et les détails, eux, étaient ce qui avait fait sa gloire auprès de ses compatriotes. Quant à Elinwaë, elle était une tisseuse et une couturière hors pair, elle aimait le travail des tissus autant qu’elle aimait son compagnon. Elle n’avait jamais éprouvé d’attrait pour les armes ou pour le combat, préférant le retrait et le calme de son atelier. Durant un an elle porta sa fille au cœur de son être et tous deux espéraient que ce petit être les remplirait de bonheur.

Le soir où Elin’ senti le début du travail, la nuit tombait sur les forêts ensorcelantes de Mirkwood. Il était rare qu’un elf enfante et tout le clan était en émoi et était prêt à fêter la naissance de cette nouvelle vie, fruit de l’amour pur et parfait entre deux êtres. Durant de longues heures ils durent attendre. Elinwaë souffrit mais lorsqu’elle fut enfin libérée de son enfant, son bonheur fut tel qu’elle oublia tout ce qu’elle avait enduré et elle remercia avec véhémence les cieux pour lui avoir donné cette enfant si parfait. Les elfes furent heureux d’accueillir une nouvelle congénère mais personne ne présentaient encore la noirceur de son cœur. Les premiers mois passèrent, Palandril et Elinwaë se retrouvaient confronté à un événement auxquels ils ne s’attendaient pas. Eux qui avaient les cheveux blond presque blanc avaient engendré une fille dont les cheveux ne leurs ressemblaient pas. D’une couleur particulière, un roux légèrement saumon qui en étonna plus d’un. Elle était exceptionnelle à leurs yeux et ce détail ne les dérangea pas. Ce qui ne fut pas le cas de quelques autres elfes, leurs amis les plus proches qui commençaient à pressentir qu’elle n’était pas comme eux.

Tin’ grandit encore et encore, apprit à parler, à marcher. Elle se montrait déjà loyale et possédait déjà une curiosité qu’elle n’arrivait pas à assouvir tant tout avait de l’intérêt pour elle. Elle était une enfant splendide. La grâce était déjà dans tous ses mouvements mais quel elfe n’était pas gracieux ? Pourtant elle avait déjà une particularité qui lui était propre une aura.  Les jours, les mois, et les années passèrent, son caractère commença de plus en plus à s’affirmer. Sa loyauté envers la communauté était exceptionnelle  mais elle devenait aussi de plus en plus sauvage, son attrait pour les armes de plus en plus fortes et elle se montrait de plus en plus attirée par les côtés néfastes de celles-ci. Elle devint rapidement une traqueuse hors pair et une chasseuse qui loupait rarement sa proie. Elle faisait la fierté de son père mais sa mère commençait à éprouver une sorte de peur car elle voyait bien la lumière vaciller dans son cœur.

Lorsque le moment de choisir une profession fut arrivé elle se dirigea rapidement vers l’art du combat. Elle essaya toute les armes mais ce furent les dagues longues qui le scièrent le plus. Elle s’entraina encore et encore, abattit nombre d’être indésirable au corps à corps et se tenait toujours en première ligne dès lors qu’il fallait protéger le royaume de Thranduil.

Acte II - La désolation d’Elinwaë

Le sang, son odeur, sa texture devenait à mes yeux d’une beauté sans nom. Lorsque j’ôtais la vie des araignées ou d’autres êtres plus  ou moins nuisibles sans le moindre état d’âme ce qui me différenciait de mes congénères qui trouvaient dommages ce genre de choses même si elles se révélaient parfois nécessaires. Plus les années passées plus mon attrait pour cette partie barbare de mon être grandissait. J’étais avide de liberté et la puissance que je ressentais lorsque je me salissais les mains devenait comme une drogue qui me rendait plus rapide, plus agile, plus prédatrice mais pas que. Je devenais plus lucide, tout s’exacerbait et mon sang bouillant dans mes veines me rendait plus vivante encore. C’était une de ces sensations dont on redemandait : une drogue. Et Elinwaë l’avait vu et ressentais de plus en plus l’impact que cela avait sur mon être. Je m’éloignais d’elle, de la communauté même si je continuais à faire ce que l’on me demandait, elle voyait bien que la rébellion s’emparait de mon cœur petit à petit, que la lumière qu’ils avaient voulu Palandril et Elle m’insuffler lors de ma conception faiblissait à vue d’œil. Cela la rendait malheureuse, tellement malheureuse mais comme elle tenait à moi comme à la prunelle de ses yeux elle n’osa pas en parler à Thranduil de peur qu’il ne la juge inapte à la vie à Mirkwood.

Un jour alors que les araignées étaient trop proche des portes de la forteresse, je fus envoyée, avec quelques autres de mes congénères, faire le ménage dans ses bêtes. C’est ce jour-là que mon cœur allait rendre son dernier rayon solaire pour s’abandonner à la noirceur. Je dépeçais, abattais la moindre Arachné qui s’approchait de moi mais très vite nous compriment pourquoi celles-ci s’étaient autant rapprochée des portes de notre Maison. C’est un elfe, un très bon archer qui avait l’habitude de m’aider à manier cette arme qui n’était décidément pas faite pour moi, du nom de Björn qui trouva l’homme qui était la cause de nos soucis. C’était un humain de grande taille, les cheveux bruns, la mâchoire carrée et de splendides yeux noisette. Il s’appelait Dralorn et il s’était perdu dans notre forêt. Tous les archers le visèrent et notre chef s’approcha de lui et jugea que c’était à notre souverain de décider de son sors maintenant que nous avions régler celui des araignées. On le ramena donc à la forteresse où il fut jeté dans l’une de nos geôles. Son regard, son être, tout en lieu m’avait captivée. Quelque chose en lui avait éveillé mon intérêt. C’était peut-être son air sauvage.

Un nouvel enfant était à naitre et Thranduil qui jugea l’homme comme nuisible puis avait décidé que l’on devrait l’abattre avant les festivités de la naissance afin de ne pas gâcher la nouvelle et rarissime arrivée. Il ne restait que quelques jours et discrètement je l’épiais et son air sauvage se confirma au fil des heures. Le jour de sa sentence tout le monde s’agglutina à la grande place afin que nous puissions être témoins de la fin d’une nuisance. Le peuple n’était jamais ravi de cela mais si nous devions l’exécuter pour notre bien alors nous le faisions. Elinwaë avait vu et avait sondé mon cœur, elle s’était rendu compte que cet homme était la seule personne pour qui j’avais ressenti ne serait-ce qu’un peu de pitié et elle présageait le pire. Elle avait raison. Thranduil avait fait un long discours pour expliquer la sentence. C’était un bon roi, parfois il manquait de cœur mais c’était un bon roi et personne ne jugea sa sentence inappropriée, personne sauf moi.  Au moment où ils allaient lui ôter la vie je traversais l’espace qui me séparait de lui et m’interposais entre ses bourreaux et cet homme qui avait ce don particulier de réveiller la fille en moi. C’était le plus grand affront que j’aurais pu faire à mon seigneur mais je n’en avais que faire en sauvant cette vie, je pactisais définitivement avec la noirceur. En moins de temps qu’il ne fallut je le libérais et l’emmenais loin de la grande place. Il n’en fallu pas plus pour que je sois moi aussi jugée dangereuse. Thranduil voulait ma tête.

J’ai couru longtemps et vite, seulement armée que de mes dagues et ayant abandonné tout ce à quoi j’avais pu tenir un jour. Adieu Mirkwood. Adieu mère. Adieu père. Adieu famille. Plusieurs fois dans notre fuite nous faillîmes nous faire arracher les yeux par les sbires de mon ancien roi. J’avais choisi la solitude et la désertion. Je m’en fichais, j’avais gagné ma liberté.

Acte III – Au crépuscule d’hier

La colère envers moi, ma famille et ma race avait lentement envahi mes veines, mon esprit et mon cœur jusqu’à ce que celui-ci cesse d’être animé d’autre chose que de rancœur et de colère. La lumière en moi s’était éteinte et ne pourrait être rallumée. Durant de long moi et de longues années, Björn resta à mes côtés, espérant secrètement qu’un jour je le laisserais goûter à mes lèvres, à ma peau et à ma chair mais il n’en fut rien.  Il finit par trouver une femme dans une des nombreuses villes que nous traversions et je l’abandonnais là, sans une once de regret. Pour lui, il me devrait à jamais sa vie même s’il n’en était rien. Avec le recul je ne comprenais pas ce qui m’avait poussé ce jour-là à tourner le dos à tout. Alors oui j’avais eu quelques sentiments pour lui que je m’étais bien gardé mais je m’en fichais aujourd’hui, même s’il n’était plus là, il était heureux et il trouverait rapidement la mort là ou moi je survivrais aux temps.

C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé, j’ai vu de nombreux rois mourir, de nombreux fils être couronnés. J’ai parcouru plusieurs fois les pleines et les montagnes, bougeant sans arrêt afin de ne pas tomber dans un traquenard d’aucune sorte. Je restais peu de temps quelques part. J’étais devenue un fantôme, une âme vagabonde à la recherche d’un nouveau foyer.  J’avais assisté au réveil du dragon de la montagne : Smaug.

Évidemment je n’ai fait qu’être observatrice de ce grande chaos et ce, avec le sourire aux lèvres. Puis j’ai entendu les rumeurs du grand retour du nécromancien. Depuis je suis à l’affut des signes. Lorsqu’il aura besoin d’un aide, je serais des siens.