Fidèle à lui-même, Fíli se trouvait au cœur de l'action et suivait Thorin comme le bon neveu qu'il est. Il ne s'est séparé qu'une seule fois de la Compagnie, lorsque Kíli est resté à Laketown à cause d'une blessure. Il avait rêvé de contempler Erebor depuis longtemps, mais notre blond était bien incapable de laisser son frère derrière lui. Quand leur oncle a ordonné au blessé de rester sur place, Fíli n'a pas hésité à l'accompagner, défiant Thorin au passage. Ce moment a d'ailleurs été une épreuve difficile : il regardait Kíli mourir à petit feu sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Pour lui, qui s'est promis de le protéger coûte que coûte, le coup fut rude. Heureusement, grâce à l'elfe Tauriel, ils s'en sont bien sortis. Par la suite, ils ont rejoint Thorin au Mont Solitaire et ont participé à la Bataille des Cinq Armées.

Qu'est-ce qu'une quête réussie sans de bons gros méchants pas beaux à terrasser ? (Ca veut dire que la réponse est oui)
Fíli a toujours adoré se battre, et aussi une poignée d'ennemis a toujours été la bienvenue. Il préfère les adversaires plus nobles à ces créatures, mais que voulez-vous on lui a rarement laissé le choix... Durant leur voyage, les nains ont fait plusieurs mauvaises rencontres que chacun aurait aimé éviter, ce qui n'a pas empêché Fíli de ramasser une épée - ou une hache, ou un arc, ou une masse, à force on ne sait plus - et de retourner latter du méchant à la moindre occasion. Il ne craint ni les orcs ni les araignées, bien que leur aspect le dégoûte un peu, et nous pouvons plutôt dire que ce sont ces bestioles qui ont fait les frais de Fíli plutôt que l’inverse.

Le nain en a entendu parler dans la bouche de Gandalf, mais il ne saurait en dire plus. Pour lui il ne s'agit que d'un nom, une présence qui aurait éloigné le magicien de leur quête. Le pouvoir du Nécromancien fait partie des éléments qui le dépassent un peu, et il n'arrive pas juger si la magie est une bonne ou une mauvaise chose. Cependant, il est opposé au mal et s’il en vient un jour à apprendre les agissements de Sauron, il n'hésitera pas à s'allier avec d'autres contre lui.

Blanc. La pâleur d’un visage détruit par le chagrin. Un masque inexpressif et figé, comme si plus rien n’avait d’importance. Dís marchait lentement, la tête haute, les yeux perdus au loin. Le deuil la parait d’une élégance presque indécente. Elle ne pleurait pas. Après tout, un cœur arraché ne peut plus rien ressentir. Derrière elle venaient ses deux garçons, l’aîné tenant le plus jeune dans ses bras. Le petit Kíli se contentait d’observer ingénument et saisissait la gravité du moment sans vraiment en comprendre la raison. Fíli, les yeux rouges et gonflés, ne cessait de penser aux dernières recommandations qui lui avaient été faites. Protéger. Rester présent. C’était lui l’homme de la famille, désormais. Il devait s’en montrer digne. Au milieu de la foule des proches venus proclamer un dernier adieu aux fidèles tombés au combat, le blond se rapprocha du tombeau de son père et posa sa main sur la pierre. Ils se reverraient, dans ce monde ou dans l’autre. Mais d’ici là, il le rendrait fier de l’avoir pour fils, tout comme lui était fier de l’avoir eu pour père.


Bleu. Les dégradés de couleur sur les montagnes en plein été. Sur le terrain d’entraînement, Kíli désarma son frère d’une passe agile, aussitôt complimentée par Thorin qui supervisait les opérations. Fíli dégaina alors un poignard de sa botte pour continuer le combat. « Tu triches ! » râla le brun, se remettant tout de même en position d’attaque. Son frère releva un pan de sa veste, dévoilant plusieurs autres armes malicieusement dissimulées, et quelques morceaux de fromage dérobés à la vieille cuisinière plus tôt. Leur oncle sourit : « Parfait ! Vous aurez bien besoin de tout ça, lorsqu’on ira reconquérir notre royaume. »

La vie était douce pour les jeunes nains. A la mort de leur père, Thorin s’était vite imposé dans leur vie comme leur mentor et modèle. Il leur contait les merveilles cachées dans les coffres d’Erebor et la gloire passée de leur peuple. Son rêve – retourner s’installer au Mont Solitaire – était devenu le leur. Les deux frères se battaient avec talent et ne se séparaient presque jamais. Au grand désespoir de leur mère, ils avaient également le don de se trouver constamment des ennuis. Ils ne manquaient de rien et pourtant, ils n’attendaient qu’une chose : comme tout jeunes nains insouciants et téméraires qu’ils étaient, ils désiraient l’aventure. Ils désiraient contempler Erebor de leurs propres yeux.


Pourpre. Les joues rougies par l’effort. Le rouge qui signifiait que la vie lui colorait encore le visage, là où tant d’autres étaient morts. Fíli releva la tête, le souffle saccadé, en proie à une inquiétude grondante. Le champ de bataille n’était que désolation, composé d’hommes à terre et d’autres quasiment à genoux, malgré le soulagement palpable. Le combat était terminé. Cinq armées s’étaient déchirées, aboutissant au triomphe de la Compagnie des nains et de leurs alliés. Pourtant, il se refusait à célébrer la victoire tant qu’il ne s’était pas assuré que son frère fut en vie. Lorsqu’il aperçut sa tête brune émerger au milieu du chaos, il se précipita sur lui pour le prendre dans ses bras. Désormais, il le savait, ils avaient gagné.

Par monts et vaux, la Compagnie était allée. Plusieurs fois la mort les avait frôlés, et ils avaient affronté trolls, gobelins et même elfes pour parvenir à leur but. Fidèle à sa promesse, Fíli avait veillé sur son frère, tout en gardant un œil sur leur oncle. Cependant, il ne s’était jamais autant amusé. Il avait senti l’adrénaline couler dans ses veines et avait vibré à la vue des paysages de la Terre du Milieu. Ce fut, pour lui comme pour les autres, un voyage que l’on appelle l’aventure d’une vie.


Or. Les reflets du trône sous la montagne. Le blond s’en approcha comme on approche une monture difficile en cherchant à l’amadouer. Toute sa vie, il lui avait été répété que ce siège était son héritage. Pourtant, jamais il ne s’était imaginé qu’il pourrait réellement s’y asseoir. Thorin était le roi. Son roi. Lui savait comment régner, comment guider des hommes, comment inspirer le respect. C’était ainsi que Fíli avait espéré vivre à Erebor : sous l’égide de leur oncle, qui saurait faire prospérer à nouveau leur grand royaume. Seulement, c’était sans compter sur le trésor, et le terrible pouvoir qu’il exerçait sur les descendants de Durin. Lentement, Thorin avait sombré, et avait préféré s’éloigner plutôt que de se laisser corrompre plus longtemps.

Désormais, Fíli endossait le rôle de régent, épaulé par sa mère, son frère et son oncle prêt à l’aider en cas de besoin. Tandis qu’il caressait l’accoudoir du trône, il ne pouvait s’empêcher de se demander si lui aussi connaîtrait l’avarice de ses ancêtres. Il ne connaissait de la royauté que quelques phrases bien senties sans aucune réalité et n’avait jamais eu de telle responsabilité auparavant. Cependant, il possédait l’heureux soutien de sa famille, et la volonté de redorer le blason de leur race. Doucement, il prit place sur son nouveau siège, contemplant l’immense hall d’Erebor. Tout ceci n’était rien de plus qu’une nouvelle aventure, finalement.