▲ Il y a sept ans, les nains ont repris la montagne, Smaug a ravagé une partie du monde et nains, humains et elfes se sont alliés face à la menace du Mal lors de la bataille des cinq armées...Et vous ? Vous faisiez quoi ?

Il y a sept ans, les nains ont repris la montagne, Smaug a ravagé une partie du monde et nains, humains et elfes se sont alliés face à la menace du Mal lors de la bataille des cinq armées...Et moi ? Mais moi je priais, mon bon monsieur ! J’implorais les Valars d’aider les nains à reprendre leur Montagne et se débarrasser de ce dragon, espérant que le Carrock ne soit pas touché. Je regardais le ciel, en continuant ma vie comme elle l’était depuis près d’une centaine d’années.

▲ Durant l'intrigue n°2, que faisiez-vous ?

La même chose. Eh, que croyez-vous ? Bon, d’accord, j’étais peut-être pas loin du Carrock, à ce moment-là, rendre visite à mon seigneur, prendre des nouvelles du fils, leur apporter les nouvelles et m’enquérir de leur volonté… Et craindre pour l’avenir. Les choses changent, nous pouvons le sentir. Les Valars aussi.

▲ Sauron est de retour en Mordor et a quitté sa couverture du nécromancien; le Khand soutenu par certains royaumes d'Harad et du Rhûn a déclaré la guerre au Gondor, tandis que le Rohan et le pays de Dun cherchent une solution à leur conflit éternel : cette géopolitique pessimiste, vous y participez comment ?

Je ne suis pas vraiment politicienne, vous savez. Je suis une prêtresse. Je ne participe pas vraiment à tout ça… Pas que ça ne me touche pas, oh non. Le retour de Sauron est une véritable catastrophe, et il faut à tout prix empêcher qu’il ne prenne plus d’ampleur ; je suis prête à me battre pour ça, pour les Valars et pour protéger ceux que j’aime. C’est comme ça que je participe, en continuant à nourrir l'espoir, flamme qui jamais ne doit s'éteindre.

▲ Quels sont vos objectifs pour les prochaines années, vos rêves et plans pour l'avenir ?

Vaincre Sauron, rétablir la paix et le culte des Valars. Pour le reste, j'aviserai plus tard...

▲ Elle doit faire un minimum de 30 lignes

La jeune femme sourit à l’homme qui venait de s’asseoir. Normalement, c’était à lui de parler, et de se confesser. C’est ce qu’il fit, d’ailleurs, mais il aurait dû voir dans le regard de la prêtresse qu’elle n’était pas dans son assiette, aujourd’hui. Ses yeux étaient rougis et son sourire bien mince. Si elle lui parla de lui, elle dériva rapidement sur elle ;

« Vous savez, je suis arrivée ici très tôt… Ça va faire cent ans. J’avais presque la trentaine, pas encore. Mes parents m’ont conduit jusqu’ici en raison de ma foi pour les Valars, vous savez, mais aussi pour me protéger du monde, je pense. Aujourd’hui, ils sont morts, en héros, mais je n’étais pas là pour les protéger. C’est ainsi que la vie est faite ; on naît, on vit, on meurt. Tout enfant perd ses parents un jour. C’est inexorable. Je m’y suis faite, ça fait un moment à présent. Un jour, je les rejoindrai. Les Valars veillent sur eux, et sur nous. »

Elle resta muette un instant. L’homme n’osait partir. Intéressé par ce qu’elle racontait, oreille bienveillante, ou simple crainte de vexer la Change-Peau ? On ne le saura pas, et Danawën reprit ;

« Ce Temple est devenu ma maison, certes, mais à la mort de mes parents, je n’ai pas oublié d’où je venais. J’ai toujours été une bonne prêtresse. Assidue, dévouée, aimante… Mais la foi n’a pas de frontières, vous êtes bien d’accord avec moi ? Je ne pouvais souffrir d’être loin de ma terre natale comme je ne pouvais souffrir que les autels de nos bien aimés Valars soient laissé à l’abandon. Cela fait un peu plus de soixante-dix ans qu’on pourrait presque dire que je suis devenue un oiseau migrateur. Je partage ma vie entre ici et là-bas. Si les Valars doivent être vos souverains spirituels, ne négligeait pas pour autant vos souverains terrestres. J’avais délaissé le mien pendant une vingtaine d’années ; bien trop. Pas par réelle volonté, mais j’étais tellement prise ici, et je ne savais pas alors partager ma foi et de ma loyauté. Le point commun entre les deux est le respect, ne l’oubliez pas. Je disais donc ; oiseau migrateur. Je ne fuis pas les saisons, je vais rendre visite à deux ours. Enfin. J’allais leur rendre visite… »

Elle pinça les lèvres en reniflant un coup, ses petits poings serrés. Après une grande inspiration, elle parvint à se calmer ;

« Beorn est mort, et je n’étais même pas là. Lui aussi, j’aurais sans doute pu le protéger. J’étais trop loin, je n’étais pas là où il le fallait lorsqu’il le fallait…
- Ne pensez-vous pas qu’il s’agit de la volonté des Valars ?
- Pensez-vous que le retour de Sauron est de leur volonté ? » Demanda-t-elle doucement, quoi que l’hypothèse de l’homme caressa son esprit. « La destinée n’est pas toute tracée, toute écrite et prévue par les Valars. Mais c’est possible, en effet… Je… Désolé. Je ne rentre pas ‘‘à la maison’’ uniquement pour eux. Je répands la parole des Valars là où je vais, je m’occupe des autels laissé à l’abandon, je prends des nouvelles de l’Ouest. Et vous savez qu’elles ne sont pas forcément bonnes. Le monde s’emballe, les Ennemis reprennent du poil de la bête. C’est insensé et pourtant, cela se passe. Je crains de sombres jours… »

Elle laissa traîner sa voix, un instant, avant de relever le regard vers l’homme.

« Mais quoi qu’il se passe ici, les Valars ne nous oublient pas. Il ne faut pas les oublier non plus, comme il ne faut pas oublier nos rois et reines. Allez : vos pensées régicides peuvent être pardonnées, n’oubliez pas que sans eux le chaos s’installe et l’Ennemi progresse. Ne passez pas à l’acte et tout sera oublié. Pardonner à votre tour, et n’oubliez pas les Valars, ni le Temple ; n’oubliez pas de vous confesser. »