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De rouille et d'os

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MessageSujet: De rouille et d'os   Lun 28 Sep - 11:54

Do you remember?




Le navire chaloupe sur la houle tourmentée, bouscule sous la voûte safranée. Un autre jour touche à son terme, les paupières lourdes, craquelées par le sel se baissent lentement, séduites par une accumulation de fatigue. Des jours à remuer sur les flots turbulents, à sentir la morsure de l’hélianthe sur les parcelles de peau nue. Les vertèbres gémissent à force de dormir à même le plancher, le dos lui, se calcine sous les coups de fouet quotidiens. La puanteur règne dans la cale où sont amassées plusieurs carcasses. Des hommes, des femmes, des gamins. De tout âge de tout genre, du modeste paysan au noble malchanceux. Les narines frémissent et se contractent aux relents virevoltants de fèces et de vomi dans lesquels pataugent les infortunés.

Une bien triste aventure dans laquelle Eowyn n’aurait cru se trouver piégée. D’un sentier emprunté, sa vie basculant dans les paluches avides d’un marchand d’esclaves. D’un simple choix, son odyssée trébuche dans les pattes de ces charognes. Depuis une semaine, elle vogue sur les vagues, ne sachant la destination du vaisseau branlant. Jour comme nuit, les muscles connaissent une douleur progressive, lancinante, s’efforcent de trouver position bénéfique pour économiser les forces restantes. A l’esquisse macabre de sa nièce enchaînée, Theoden se retournerait dans sa tombe.

Comment a-t-elle fait pour se retrouver embarquée dans un tel bourbier ? Un agencement de mauvaises surprises, de confiance allouée aux mauvaises personnes. La voici à présent dépouillée de ses quelques biens, à peine nippée de guenilles rescapées.  Etoffe survivante dissimulant à peine ses courbes féminines, gorgée de sueur et de sang séché. Aux cotés d’autres bien mal en point, la blonde se laisse engourdir par les remous de l’océan, l’oreille vaguement à l’écoute des échos de voix en provenance du pont principal. Qu’allait-elle devenir ? Des jours à racler la mémoire et tamponner l’émoi dans l’obscurité de la cale. Elle aurait pu bénéficier d’une modeste chambre et goûter à un certain confort au sein du rafiot. Ces pièces où sont gardées quelques jolies pour leur beauté diverse et leur tendre chair, choyées loin des immondices. Mais, comme toujours, Eowyn s’était sentie obligée d’ouvrir sa grande gueule et de transpercer l’un des gardes du bourgeois crapuleux. Pulsion fugace récompensée par de féroces flagellations et un séjour parmi les autres dans la crotte et les gerbes de tripes. Ça lui servira de leçon…

Prête à rejoindre les bras de Morphée malgré les conditions, elle comme ses camarades sursautent soudain à la coque qui chavire un instant, s’agite sans que les eaux n’en soient coupables. Des cris éclatent à la surface, faisant soulever de nombreuses têtes souillées vers le plafond grinçant. Le doute flotte, l’espoir se fraye un chemin dans les caboches épuisées. Un assaut ! Mais sera-t-il en leur faveur ? Le silence s’impose dans la soute, lèvres tremblantes au chaos qui fermente à l’étage. Si certains essaient déjà de s’extirper de leurs lourdes chaînes, c’est la peur de l’inconnu qui les retient de croasser, de héler de leur voix rouillée.






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MessageSujet: Re: De rouille et d'os   Ven 16 Oct - 12:23

De rouille et d'os
Eowyn & Nix & Lillianna & Célosie

« Le prochain navire qu’on croise, on l’attaque hein chapitaine ? » Le grondement vaguement ennuyé de Nix répondit par l’affirmative à l’un de ses hommes. L’oisiveté n’était pas ce qu’elle préférait et même si le navire fourmillait de vie et d’activité, cela faisait trop longtemps à son goût qu’ils n’avaient pas eu droit à un bon massacre. Si ses hommes pouvaient sans doute se satisfaire d’une activité de marins plutôt classique, à jouer de la musique et à boire du rhum pendant les périodes de calme plat, ce n’était pas son cas. La bête qui vivait en elle réclamait du sang, du combat, de la chasse. Allez chasser en mer quand vous n’êtes pas un gros poisson aux grandes dents ! Parfois Nix regrettait de ne pas accoster plus souvent histoire de se dégourdir les pattes et de pister un peu de gibier. Mais dès qu’elle mettait pied à terre, elle se sentait irrémédiablement attirée par le large. Elle était amoureuse de la mer et de son navire, elle ne pouvait concevoir la vie autrement. Alors parfois il fallait accepter de ne pas piller et ne pas balancer à la flotte tous les esclavagistes qu’elle croisait. Ils étaient ses proies préférées pour deux raisons. La première ? Elle prenait un malin plaisir à détruire ceux qui prétendaient priver d’autres êtres de leur liberté. La seconde était nettement moins altruiste : les esclaves rapportaient gros à ces fumiers et elle était toujours quasiment sûre de trouver de l’or à bord.

« Navire en vue ! » Se redressant avec un sourire plein d’espoir, Nix hurla à sa vigie de lui en dire plus. Sur le bateau, tout était en effervescence. Les hommes courraient se mettre à leurs postes, les yeux brillants d’impatience, son second donnait des ordres efficaces, cherchant parfois son approbation d’un regard. La confirmation de la vigie arracha un cri de joie à l’équipage : un navire de marchands d’esclaves. Cela signifiait une chose, pas de quartier, pas de pitié, un bon massacre en perspective et la promesse de l’or qui réchauffait les coeurs. Avisant la petite Lillianna qui errait sur le pont d’un air perdu, la changepeau l’attrapa par l’épaule et lui offrit un sourire rassurant. Il ne fallait pas la traumatiser, c’était son premier abordage après tout. « File te mettre à l’abri à la cuisine. Targhën ! Tu restes avec elle, tu l’empêches de sortir, tu la protèges comme la prunelle de tes y… comme ta flasque de rhum dix ans d’âge et je ne veux pas qu’un seul de ses cheveux soit abîmé ! » Un hochement de tête plus tard, le cuisinier avait entraîné sa petite protégée avec lui dans leur fief et avait barricadé la porte en chantonnant.  Un peu plus tranquille, elle pu enfin se concentrer sur le plus important… ce qu’elle allait dévorer. Déjà ses yeux viraient à l’or pur et ses canines grandissaient, se faisant crocs redoutables. Elle n’allait pas pouvoir retenir sa transformation bien longtemps, juste assez pour répéter les ordres qui ne changeaient pas : on massacre, on tue, on pille mais on ne touche pas aux esclaves.

Enfin elle laissa la bête prendre le dessus avec un soupir de soulagement qui se mua en rugissement sonore. Excitée par les cris de l’équipage, la tigresse n’attendit que quelques minutes avant de bondir sur le pont ennemi, suivie de ses hommes. Avec rage et délices, elle déchirait la chair, se repaissait de sang, plantait ses griffes puissantes tout en esquivant les épées vengeresses. C’était cela sa vie. Dévorer le monde, avoir la conscience aigüe que tout pouvait se terminer en un instant et savourer chaque seconde avec intensité. Lorsque tout fut fini, le silence retomba sur les deux navires. Le claquement de langue réprobateur de son second arracha un doux grondement à la bête qui se roulait dans une flaque de sang, un bras arraché dans la gueule. Oui bon, elle s’était sans doute légèrement laissée emporter mais… Bon d’accord, elle avait carrément perdu le contrôle mais cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’avait pu laisser sortir la bête autrement que pour se faire gratter le ventre. « Pose ce bras, tu vas faire peur aux prisonniers. » Hein ? Les priso… ah oui les esclaves qui attendaient dans la cale. Reprenant ses esprits, elle se rendit compte que s’être baignée dans le sang de ses victimes était certes très agréable mais sans doute pas du meilleur effet pour rassurer ceux qui ne la connaissaient pas. Le félin aurait bien pris le temps de léchouiller soigneusement ses pattes et son pelage pour lui faire perdre cette couleur écarlate mais cela aurait pris beaucoup trop de temps. Ce fut donc d’un pas guilleret que la tigresse descendit dans la cale accompagnée de quelques uns de ses hommes qui s’activèrent à peine descendu à ôter leurs fers aux esclaves.

Nix trottinait allègrement, observant les visages effrayés des hommes et des femmes qui écarquillaient les yeux à la vue de l’énorme bête rayée d’or et de nuit non sans une certaine délectation. Oui elle aimait sentir la crainte qu’elle inspirait, cela la flattait plus que de raison mais elle aimait à rappeler qu’elle était un prédateur et non pas une grosse pelu… Se figeant, elle huma l’air oppressant et puant de la cale avec un grondement curieux. Cette odeur… tenue et familière… adulte mais qui était plus légère il y avait des années… Elle n’avait jamais oublié cette odeur et voilà qu’elle la retrouvait aujourd’hui ? La coïncidence était trop belle. Ses pas se firent hésitants et puis plus assurés alors qu’elle remontait la piste du fumet bien connu, avant de s’arrêter face à une femme au visage noirci de saleté. Un rugissement joyeux s’échappa de sa gueule faisant naître des cris effrayés dans la cale et elle gratifia la jeune femme d’un coup de langue ravi sur la joue. Se couchant à ses pieds avec force ronronnements, frottant sa tête contre ses jambes, la tigresse attira l’attention de ses hommes qui s’approchèrent. Elle l’avait retrouvée ! Elle avait retrouvé celle qui, enfant courageuse et inconsciente, l’avait sauvée il y avait longtemps. Jamais elle n’avait oublié son odeur que même la crasse et la fange ne parvenait à occulter. Aujourd’hui c’était à son tour de l’aider. Autant pour elle, elle était une grosse peluche en effet. Reprenant forme humaine, ignorant les exclamations étouffées des prisonniers, Nix esquissa un sourire ravi et retira elle-même les fers de sa protégée. « Je t’ai retrouvée… tu as bien grandi. Ne t’en fais Eowyn, maintenant il n’y a plus rien à craindre. ».

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MessageSujet: Re: De rouille et d'os   Lun 19 Oct - 23:18


   
   Lilliana, Eowyn & Nix
   De rouille et d'os

Q
uelle heure est-il, et quel jour sommes-nous ? Pourquoi un mal de crâne si violent ? Collée à des corps dont elle ignore le nom des propriétaires, la jeune hobbit entre-ouvre les paupières et les referme presque aussitôt lorsqu'un brin de lumière s'y glisse. Quelques larmes viennent humidifier ses yeux pour les aider à s'habituer à cette agression, l'autorisant à ouvrir un peu plus grand. Où est-elle ? Les mouvements répétés et violents indiquent qu'elle se trouve probablement sur un bateau en pleine mer, l'odeur ne tarde pas à confirmer sa théorie. Que fait-elle sur un bateau ?

Les souvenirs ont du mal à revenir : des coups, de grandes voix et des visages effrayants. Tout ça est bien éloigné de sa Comté. D'ailleurs, pourquoi n'y est-elle pas ? Refermant ses yeux pour mieux se concentrer, Célosie tente de fouiller dans sa mémoire. Quel est le dernier souvenir qu'elle a de sa terre natale ? Là également, ses souvenirs lui font faux bond. Une secousse un peu trop violente la fait gémir, un des corps contre lequel elle est a appuyé sur elle. Dans quel état se trouve-t'elle ? C'est comme si tous ses nerfs étaient à la fois à vifs et éteints.

Elle aimerait se lever, crier, mais ces gestes lui semblent insurmontables. Depuis quand est-elle entassée ici avec ces inconnus ? Ouvrant la bouche pour parler, elle la referme bien vite en se rendant compte à quel point sa gorge est sèche. Depuis combien de temps n'a-t'elle pas bu ? Il faut qu'elle parle, qu'elle crie, qu'elle demande. Il faut qu'elle sache. La panique la gagne lorsqu'elle comprend que ses membres sont trop faibles pour suivre les directives de son cerveau : courir, sauter, nager, se noyer s'il faut, mais ne pas rester là. Rejoindre la Comté à tout prix, cette douce Comté qu'elle avait finalement retrouvée et avait promis de ne plus jamais la quitter. Avait-elle été expulsée, aurait-elle fait quelque chose de mal ? Ces souvenirs qui se font désirer... Il lui semble être ici depuis une éternité, et pourtant sa mémoire ne la laisse entrevoir que quelques images, un échantillon de ces derniers jours. Jours ? Semaines ? La notion du temps lui a échappé.

Perdue dans ses réflexions, la rousse en est soudain tirée par un vacarme qui semble avoir réveillé tous ces corps autour d'elle, inanimés il y avait à peine deux minutes. Décidément, son esprit va trop vite et pose trop de questions pour le peu d'énergie qu'elle contient. Des cris, des voix, de lourds pas au-dessus d'eux : pas de doute, des gens se battent. La respiration de la rousse se fait de plus en plus saccadée. Être loin de chez elle, dans un endroit inconnu, sans souvenir aucun et entourée de personnes aussi mal en point qu'elle, voilà quelque chose qui ressemble bien à un cauchemar.

Et quel cauchemar car à présent, tout la laissait penser qu'elle en vivait réellement un : un monstre entra dans la cale et se dirigea vers une jeune femme qu'elle n'avait jusque là pas vue. Un étrange manège se déroula sous ses yeux, qui prit lorsque la bête se... oui oui, elle se transforma bel et bien en une femme. Bouche bée, la rousse étouffa une exclamation de surprise qui déclencha une crise de toux, ses cordes vocales n'étant plus habituées à travailler autant et sa gorge s'imprégnant de la saleté l'entourant et dont elle était couverte. Autour d'elle, les gens prenaient peur et tentaient de fuir. L'adrénaline semblait les avoir réveillés. Il serait temps que cette même adrénaline se décide à lui rendre visite.

WILDBIRD
 
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MessageSujet: Re: De rouille et d'os   Jeu 18 Fév - 13:52

Do you remember?



La peur. Elle dilue son poison dans ses veines, darde chaque profil de mine froncée. La poitrine se mutile d’elle-même. Au heurt impulsif d’un cœur apeuré, au battement sourd de l’organe contre la cavité osseuse.

Le tintamarre à l’étage  n’arrange en rien l’angoisse qui écume chaque carcasse enchaînée à la cale. L’envahisseur qui brame et mugit sur le pont semble annoncer la piraterie. Ce que murmurent les bouches voisines dans un timbre chargé d’espoir et d’appréhension. Faut-il craindre l’oppression, le cumul de poisse après tant de mésaventures ? Certains s’y bornent, d’autres espèrent la providence. A la conjecture de ces deux pensées, Eowyn se laisse bercer par les convulsions de la coque assiégée. Pour son baptême de mer, elle aurait espéré meilleure odyssée. Novice du monde marin, des navires autant que des pêcheurs et corsaires, la dame du Nord a perdu de sa prestance et de son allure. Nichée au fond de la soute, entre quelques camarades d’infortune, elle apprend sur le tas, de matelots capturés et d’esclaves accoutumés. Depuis quelques jours, une cohabitation insolite et contraignante, mais plutôt amène si on oublie l’odeur de leur propre macule et les allées retours des geôliers dans leur gîte de fortune. Des sympathies pour quelques voisins de chaînes,  des histoires avalées avec attention, au désir d’occuper l’esprit et dompter l’émoi.

Dans la noirceur de l’habitacle, un pinceau de clarté divulgue soudain l’échelle et les squelettes tout autour. Des silhouettes descendent une à une, gonflant l’esclandre déjà vivante. La fourmilière s’agite, étouffe sanglots et soupirs. La peur foisonne jusqu’à la nymphe souillon, qui tente de démystifier cette vague d’émoi en dardant ses calots droit devant. Le bleu s’écarquille. Un tigre ?! La poitrine se soulève. Que fait un félin à bord d’un navire ? Commerce ? Animal de compagnie ? La panique s’inocule sous la chair et déracine quelques sueurs. Grognement à ses pieds et aucune cachette à portée. Eowyn frémit à l’idée d’une mort prématurée. Mais un coup de langue et la bave laissée sur sa joue la laissent hébétée. Plus encore lorsque la boule de poils pris couche à ses pieds, en ronronnant avec force, donnant plutôt l’apparence d’une peluche à gratouiller qu’un féroce prédateur. L’esquisse insolite ravive la mémoire et l’hiver jadis. L’errance d’un tendron dans l’épaisseur argentée, la fin de l’odyssée auprès d’un tigre blessé, la patte logée dans un piège de chasseur. Elle se souvient des léchouilles amicales, de la chaleur souple et duveteuse du pelage fauve entre ses doigts. Souvenir d’antan où la femme n’était encore qu’un enfant. Alors, la peur s’envole et devient poussière à l’ombre du passé. Dans un élan de courage, une main tâtonne la bête et sillonne entre les poils hérissés. « Tu es toujours aussi belle » Murmure rauque à l’adresse du bel animal.

C’est pourtant la surprise lorsque les pattes se muèrent en jambes, que le fauve devient bipède d’un grand charme. Ebahie, la bouche entrouverte, elle déglutit en devant l’ébauche fantasmagorique. Un change peau ? Si les histoires à leur sujet sont nombreuses en tout lieu, c’est la première fois qu’elle en rencontre un. En chair et en os.  « Je comprends mieux pourquoi vous ne m’avez pas dévorée à l’époque » Petit gloussement sec sortit de sa gorge abîmée. « Vous êtes donc une pirate… »  L’ignorance avouée, à ce monde qui n’est sien, à cette foule hétérogène, ces visages étrangers. La curiosité pour l’inconnu gronde sous le sein. Mais lorsqu’un toussotement rocailleux lui parvint, ainsi que nombreux gémissements, l’inquiétude tordit ses lèvres. « Mes amis sont mal en point » Amis, l’invraisemblable perspective. Et pourtant. Ses mirettes partent à la dérive dans la pénombre épaisse et s’arrêtent sur une petite silhouette mal en point. Une hobbit ? D’un bond mal calculé, Eowyn flanche et trébuche sur la tigresse après un essai pour se relever. Gambettes rachitiques, affaiblies par la mauvaise nutrition et la position délicate auxquelles elle fut obligée ces quelques jours. « Désolé » Bredouillement gênée pendant qu'elle s'écarte de ce qui semblait être la cheftaine de l'escouade descendue dans les entrailles du navire. Autour d'elles, les hommes s'activaient dans l’embaumement pestilentiel de la cale. « Sommes nous loin du Gondor? » Bien loin, dans les lagunes du Sud, où le sable remplace l'herbe et la chaleur se fait omniprésente. En même temps, les pas s'égarent jusqu'au petit hobbit qui a préalablement capté son attention. Joli brindille encrassée à côté de qui elle s'agenouille. « Tu es blessée? »  Depuis toujours, l'inquiétude pour les autres, elle qui passe en second. Empathie monstre.






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MessageSujet: Re: De rouille et d'os   Dim 6 Mar - 0:17

De rouille et d'os
Eowyn & Nix & Lillianna & Célosie

« Tu es toujours aussi belle. » Voilà qui résonnait agréablement aux oreilles de Nix. Oui elle était sensible aux compliments et accueillait toujours cela avec un bonheur non dissimulé pour peu qu’ils soient sincères. Et en l’occurrence quand ils venaient d’une enfant devenue femme qui l’avait autrefois sauvée d’un piège cruel, elle ne pouvait qu’apprécier. Mais pas autant que la surprise qu’elle lu dans ses yeux quand elle reprit forme humaine. Voilà quelque chose dont elle ne se lassait pas. La surprise qu’elle lisait dans les yeux de ceux qui ne la connaissaient pas lui donnait toujours l’envie d’éclater de rire, joyeusement, comme une gamine se réjouissant de la bonne blague qu’elle venait de faire. « Je comprends mieux pourquoi vous ne m’avez pas dévorée à l’époque » La changepeau laissa échapper un gloussement taquin et fit un clin d’oeil à sa protégée « Il n’y a rien à manger sur les enfants, j’avais tout intérêt à te laisser prendre un peu de poids non ? » Bon, en l’occurrence, vu les mauvais traitements qu’elle avait dû subir, la jeune femme était maigre comme un clou, à l’instar de ses compagnons. Voilà quelque chose qu’elle devrait régler en urgence si elle ne voulait pas se retrouver avec un ou plusieurs morts sur les bras qui iraient nourrir les requins.

« Vous êtes donc une pirate… » Nix hocha la tête sans se départir de son sourire. Il ne fallait pas se leurrer. Elle tuait, pillait, volait et mentait souvent. Sa vie n’était qu’un carnage couleur écarlate et son quotidien un tourbillon de violence. Elle n’était pas une grosse peluche placide comme pouvaient l’être certains félins. A son appétit animal s’ajoutait une rage de vive toute humaine ce qui faisait un mélange explosif. « Mes amis sont mal en point. » Brave petite Eowyn qui s’inquiétait pour ses compagnons plus que pour elle-même qui ne parvenait pas à se mettre debout. La rattrapant, Nix la remis d’aplomb avec un sourire indulgent. « Oui nous sommes des pirates. Bouuuh tremblez ! » ajouta la tigresse avec emphase. « Et non, nous ne sommes pas là pour vous faire du mal et j’ai le ventre le plein » fit-elle avec malice. « Je ne fais pas dans le trafic d’esclaves. » Son regard s’était assombri l’espace d’un instant. L’esclavage. Voilà une chose qui la rendait folle de rage et la poussait à commettre des actes à la cruauté innommable. Ceux qui s’adonnaient à cet acte immonde périssaient bien souvent sous ses crocs ou bien, loi du talion, finissaient eux-même vendus comme marchandise destinée à des combats à mort.

« Désolé » souffla sa blonde compagne qui tanguait dangereusement. A cela Nix ne répondit que par un haussement d’épaules avant de commencer à donner ses ordres. « Libérez-les prisonniers. Que ceux qui sont encore valides montent sur le pont. Balancez les morts à la mer. On va rapatrier ce petit monde jusqu’à l’île la plus proche, ça devrait nous prendre juste quelques heures. Ils ont besoin de manger et moi j’ai besoin d’alcool. » Surveillant du coin de l’oeil sa protégée, la tigresse s’approcha d’elle tandis que son second prenait les choses en main, comme d’habitude. Soren faisait bien son boulot et il était d’une efficacité redoutable. « Sommes nous loin du Gondor ? » La question de la blonde lui arracha un éclat de rire sonore. « Oh ma belle nous en sommes loin ! Si loin que nous sommes près du royaume de la reine Furie. » L’attention de la féline fut bientôt captée par une petite hobbite à laquelle sa compagne s’intéressait. Voilà qui était tout à fait étonnant. Et qui rendrait Targhën fou de joie très certainement. « Vous deux vous venez avec moi. » déclara la tigresse à l’attention d’Eowyn et de la petite créature. « Les gars, portez-les jusqu’à ma cabine, elles peuvent à peine marcher. Et dîtes à Targhën de m’envoyer sa petite assistante. » Si son visage était empreint de bienveillance, son ton impérieux n’acceptait aucune contestation. Nix aimait qu’on lui obéisse promptement et sans poser de question. Dans le cas contraire sa belle humeur s’envolait bien vite et elle devenait relativement grognon. Aussi regagna-t-elle son navire en compagnie de ses deux protégées qu’elle installa dans ses quartiers et fouilla dans un coffre pour en tirer trois tuniques. Elle en enfila une et lança les autres à ses invitées avant de leur désigner un tonneau d’eau douce. « Buvez et essayez de vous débarbouiller. Et enfilez ça et balancez moi vos hardes à la mer. Nous arriverons bientôt sur une île où vous pourrez vous laver plus convenablement. »

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